Dans un précédent billet, j'expliquais la réforme et les nombreux problèmes qu'elle pose. Je ne vais donc pas le refaire ici. Ce qui m'interroge aujourd'hui, c'est le très mauvais traitement de cette question par les médias.

Pendant tout le début du conflit, cet élément de revendication était tout simplement passé sous silence, occulté par la question du statut des EC. Il a fallu une grande réunion à la Sorbonne, organisée par les présidents d'universités, pour que les journaux se rendent enfin compte que cet élément était au moins aussi important que le statut aux yeux des grévistes. Le Monde a à la suite de cela fait paraître quelques articles, assez médiocrement informés, sur la réforme des concours, et suggéré qu'elle occupait une grande place dans la mobilisation. Depuis, peu de chose, si on néglige de lamentables reprises de communiqués ministériels parlant de « gestes » ou « d'avancées » quand, à la lecture de l'article, on se rend compte que ce qui est proposé est identique à ce qui avait été initialement avancé, à des détails cosmétiques près (mais si, on vous le dit, les journalistes vérifient leurs informations). Dans la même veine, le Direct Matin que j'ai trouvé dans le tram ce matin parle de la mastérisation en étant des plus laconiques sur les deux points qui posent problème : l'absence de vrai stage (jamais le nombre des stages proposés par le gouvernement n'est mis en relation avec le nombre - considérablement plus grand - de candidats aux concours) et l'abaissement des exigences disciplinaires. Apparemment, ailleurs, c'est pire. Les étudiants eux-mêmes, pourtant les premiers concernés dans certaines filières, sont tout aussi mal informés, malgré les nombreuses conférences à ce sujet organisées par les EC en grève active.

La seule explication que je trouve à l'heure actuelle est une forme de dissonance cognitive partagé par les journalistes et une partie de la population. Reconnaître que la formation et le recrutement des enseignant exige un niveau élevé de connaissances et de formations va à l'encontre de l'image commode de l'enseignant incapable et fainéant la plus souvent utilisée. J'imagine qu'il y a d'autres explications, bien plus convaincantes, ayant trait à la complexité du sujet au regard des contraintes de temps et de format des journalistes, mais je peine à comprendre comment elles peuvent conduire à négliger à ce point ce qui est depuis plusieurs semaines maintenant le ressort essentiel de la mobilisation des universitaires et un enjeu de taille pour toutes les personnes qui vont être concernées, directement ou indirectement, par le système scolaire dans son ensemble.