C'est à la page 70 du rapport, dans une section défendant l'actualité de la loi sur le prix unique du livre. Je cite :

Il est, par ailleurs, difficile de croire que le dispositif ne serait plus adapté au secteur du livre alors que la quasi-totalité des acteurs qui y interviennent - et sont à ce titre très au fait des mutations du secteur et donc bien placés pour en juger - estiment que cette loi, sous sa forme actuelle, permet un équilibre plutôt vertueux de la filière du livre.

L'argument est comique, à plusieurs égards. Pour bien le comprendre, rappelons que dans la « quasi-totalité des acteurs » ne figurent naturellement pas de représentants des lecteurs. Que dit donc cet argument ? Il dit que d'après les entreprises du secteur, le prix unique du livre maintient un équilibre qui leur est favorable. Aurait-on pourtant idée de se fonder sur le seul avis de Total pour savoir si le marché des hydrocarbures en France fonctionne bien, ou l'avis de Casino et Carrefour sur la grande distribution ? Au contraire, cette unanimité des professionnels autour de cette loi devrait plus que tout autre chose attirer l'attention du régulateur et éveiller le soupçon d'un secteur où le fameux équilibre pourrait se faire au détriment du consommateur.

Après, il y a bien plus à dire à la fois pour et contre le dispositif du prix unique du livre. Ce qui est regrettable, c'est que le rapport en question soit déparé par de tels arguments sans rime ni raison (voir aussi le paragraphe précédent, qui dit en substance qu'il est inutile de s'interroger sur l'actualité d'une loi tant que des lois plus anciennes restent en vigueur).