La première est celle de l’existence même du régime : au regard des objectifs de politique culturelle, faut-il doter les intermittents d’un régime spécifique d’assurance-chômage ? En réponse à cette question, les intermittents mettent souvent en avant le caractère très fragmenté de leur travail. Ce qui est vrai, mais n’épuise pas le sujet, puisqu’il existe d’autres modèles d’organisation, tant dans le même secteur (système de troupes en Allemagne) que dans les autres secteurs (les consultants sont largement soumis au même genre de problème).

Si on estime que ce régime doit exister, la question est celle de son fonctionnement. On connaît les questions posées par l’utilisation de ce régime pour des contrats de fait permanents. On connaît moins le problème, à mon avis central, de la mesure du temps de travail. Question problématique à en croire les défenseurs du régime, dans la mesure où un intermittent qui travaille se forme aussi. Sauf que cela est vrai de tout salarié, et surtout que dans d’autres pays la question apparaît claire : soit on est payé à la tâche (et on ne compte pas ses heures), soit toute heure de travail est payée, ce qui inclut l’ensemble des répétitions, réunions de préparation, présence sur le plateau, etc. S’il veut faire cesser les attaques récurrentes contre ce régime, le secteur doit à mon sens faire preuve de beaucoup plus de transparence sur ce qui constitue une heure travaillée, ce qui passe par une définition à la fois plus stricte est extensive des heures de travail (avec évidemment des pénalités dissuasives).

La troisième question est celle de l’assiette du financement, et elle est indépendante de la seconde. En l’état, le régime de l’intermittence est financé exclusivement par les salariés du privé. C’est à la fois injuste (à revenu donné, chacun ne contribue pas à hauteur de ses capacités) et inefficace (plus l’assiette est réduite, plus une taxe est distorsive). Il s’agit probablement d’un point de consensus, mais les évolutions sont bloqués par une question politique : modifier le financement reviendrait à mettre en évidence une dépense de l’ordre du milliard par an, ce qui ne peut se faire qu’avec un soutien politique large. Soutien qui ne pourra sans doute venir que si le secteur fait le ménage dans ses pratiques.