La spécialisation, avenir des librairies ?
Le blog "Babbage" de The Economist se fait l'écho du succès d'une librairie spécialisée outre-Atlantique. Je ne peux m'empêcher de relever l'écart immense entre ce qui fait le succès de cette librairie et l'image que celles-ci continuent de vouloir projeter en France.
En quelques mots, le succès de la librairie Ada réside dans :
- Une spécialisation poussée : les ouvrages techniques, en particulier ceux sur les langages de programmation
- Un personnel hautement qualifié dans le domaine en question
- Un inventaire important mais très soigneusement sélectionné
- Des heures d'ouvertures larges (08h00 - 22h00, 7/7)
- Un espace café à l'intérieur de la librairie.
Ces points me frappent comme à l'opposé tant de l'existant que des représentations des librairies en France.
Dans les débats en effet, il me semble que la représentation de l'apport des libraires se focalise quasi-exclusivement sur leur rôle de conseil dans la littérature. Or, n'est-ce pas là que les jugements sont les plus subjectifs, et donc le conseil le moins fiable ? C'est aussi oublier que la littérature ne représente qu'un quart de la production éditoriale, ce qui signifie que très concrètement, la librairie fait les trois quart de son activité sur les autres types de livres. Corrolaire du point précédent, je n'ai pas l'impression d'un grand investissement des librairies dans la spécialisation de la qualification du personnel.
En France, la question de la sélection de l'inventaire est en pratique largement obérée par la pratique de l'office, envoi automatique par les éditeurs et diffuseurs de titres aux libraires, ce qui diminue très significativement le pouvoir de sélection du libraire. Celui-ci est également limité par la faiblesse des surfaces, qui ne permettent pas de proposer un inventaire important, qui guarantirait au client la disponibilité du livre souhaité. Sur ce point, l'argument du prix des baux commerciaux tient assez mal, puisque les mêmes contraintes s'appliquent à la librairie Ada, qui a choisi de s'implanter dans une zone déshéritée.Il faut noter d'ailleurs que la disponibilité des livres s'étend à leur format, Ada proposant les outils nécessaires à l'achat des versions électroniques.
Chacun de ces points m'incite à penser que la librairie en France doit, pout survivre, repenser son modèle d'affaires, tant en termes de spécialisation que de gamme de services offerts.
Publié le jeudi, mars 20 2014, par Mathieu P. dans la catégorie : Économie de la culture - Lien permanent
Commentaires
lundi, avril 7 2014
22:09
Un peu hors sujet par rapport à votre billet mais pas trop non plus ! : http://www.lemonde.fr/economie/arti...
— Moggio