Deux choses me turlupinent en effet.

La première est que d'après les études disponibles, les consommateurs attendent du livre électronique un prix inférieur de 30 % à 40 % par rapport à un livre papier. Si sur son site, le SNE argumente qu'un livre numérique ne coûte pas moins cher à produire qu'un livre papier (ce qui est probablement vrai : le numérique réduit les coûts marginaux, qui sont faibles au regard du coût initial), l'argument ne convainc pas l'économiste que je suis : un prix est le taux d'échange égalisant (en espérance dans les cas des livres) l'offre et la demande. Le coût marginal de production n'intervient que comme un plancher, et il est évident que le prix des livres est sans commune mesure avec son coût marginal (voir la structure du prix d'un livre). Vouloir des livres numérique au même prix que le livre papier, c'est soit nier cet état de fait, soit vouloir empêcher le développement du livre numérique, deux voies sans issue pour l'édition. Il doit donc y avoir quelque chose que je ne comprends pas.

La deuxième chose qui m'intrigue est la manière dont va bien pouvoir être défini un livre « homothétique ». Il y a un texte, soit, mais un texte illustré est-il homothétique à un texte non illustré ? Si on en croit la pratique de l'édition, non, puisqu'un écart de prix sépare les éditions illustrées et non illustrées. Or, une fois le fichier électronique du texte établi, rien de plus facile d'y introduire des illustrations piochées, par exemple, dans Wikimédia Commons, à coût à peu près nul. On est alors là face à un fameux problème de coordination : les éditeurs arriveront-ils à maintenir une collusion suffisante pour qu'aucun d'entre eux ne profit de cette opportunité pour servir une demande dont on a vu dans le premier paragraphe qu'elle existait ? La conjecture de Coase nous suggère que les chances sont minces.

Du coup, je me demande vraiment où les éditeurs veulent en venir avec une démarche de ce type.