Gaspillages publics et incurie privée
Suite à un article d'éconoclaste, un commentateur a cru bon de sortir la vieille lune de l'Etat gaspilleur, au nom d'une "expérience quotidienne. Expliquons cette illusion d'optique qui oppose faussement une puissance publique jetant de l'argent par les fenêtres à un secteur privé efficace et économe.
Prenons comme point de départ le constat : chacun de nous a été témoin ou entendu parler d'une forme ou d'une autre de dépense d'argent par un organisme public dont l'utilité nous a paru douteuse, voire contre-productive. En revanche, il est plus rare que nous ayons entendu parler de choses similaires dans le cadre d'entreprises privées. Conclusion : l'Etat gaspille, le privé gère bien. Evidemment, cette induction est fausse. En effet, l'information sur la mauvaise gestion publique est beaucoup plus facile à obtenir que celle sur la mauvaise gestion privé.
D'une part, nous sommes tous concernés par de nombreuses dépenses publiques. Nous sommes donc plus souvent à même de repérer celles qui ne fonctionnent pas. D'autre part, un fonctionnaire qui dénonce publiquement une dépense inutile est considéré comme un bon citoyen. Un salarié qui fait de même à propos de son entreprise peut être licencié pour faute professionnelle. Du coup, on entend beaucoup moins parler de l'incurie budgétaire dans le secteur privé, puisque celui-ci a un intérêt direct à ne pas laisser s'ébruiter ce type d'information. Olivier Bouba Olga donne d'ailleurs mains exemples d'entreprises réalisant des délocalisations fort coûteuses sur la base d'un simple effet de mode...
Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas mettre en place des mécanismes de contrôle de la dépense publique inefficace. Mais il est doublement faux de dire que l'Etat gaspille beaucoup (c'est un effet d'optique lié à l'ampleur de son budget total), et de suggérer que l'herbe est plus verte dans les prairies privées.
Publié le jeudi, novembre 2 2006, par Mathieu P. dans la catégorie : Réactions - Lien permanent
Commentaires
jeudi, novembre 2 2006
16:17
Je ne sais pas si on peut réduire le problème à une question d'information. Le noeud du problème (s'il y en a un) me semble être que les dépenses publiques sont faites sur de l'argent... public ! Que l'entreprise X soit mal gérée, après tout, ça m'est égal si ce n'est pas mon argent qui est en jeu. Tout ça pour dire que si les critiques pleuvent plus sur le secteur public que sur le secteur privé, c'est peut être simplement que les "gens" (les vrais, ceux d'en bas du comptoir) estiment, à tort ou à raison, que l'Etat dépense mal "leur" argent.
— thomasAprès, c'est peut être juste que les français sont ultra-néo-libéraux et aspirent à moins d'Etat ;-)
jeudi, novembre 2 2006
17:24
Effectivement, Thomas, dans un cas c'est "leur" argent, c'est-à -dire les impôts payés par l'ensemble des contribuable. Le coût pour chaque Français d'un gaspillage est donc faible. Dans le cas d'une entreprise, ce n'est pas leur argent qui est en jeu. C'est seulement leur emploi, et leur salaire s'il y a une prime d'intéressement. Je crois donc que l'argument de "l'argent public" est juste, mais seulement à cause d'une myopie quant à l'impact de mauvaises décisions d'une entreprise sur l'emploi et la rémunération de ses employés (puisqu'il est connu que les licenciements sont maintenant tous "boursiers").
— leconomistejeudi, novembre 2 2006
20:40
Vous postulez, à tort, qu'il se trouverait toujours quelqu'un pour faire ce que l'état fait.
— Usual suspectPar exemple, qui d'autre que les douaniers surnuméraires se trouveraient chargés de l'entretien du fichier viticole ?
Par ailleurs, vous postulez qu'il est plus difficile de repérer une gabegie publique qu'une gabegie privée : c'est oublier que, fort heureusement, les citoyens passent l'immense majorité de leur temps au contact de la société civile, et pas au contact de l'économie pulique. Donc, j'avoue ne pas comprendre sur quel raisonnement vous appuyez votre postulat.
Troisièmement, la gabegie privée est sans grande importance, puisque les mécanismes de marché veillent à l'élimination des moins efficaces : tel n'est pas le cas des officines publiques, comme le souligne un récent billet chez swissroll :
swissroll.info/?2006/11/0...
Enfin, l'essentiel de mon propos n'est pas de contribuer à un débat d'idées puisque je conteste les fondements mêmes du débat : c'est surtout de constater que nul raisonnement si brillant soit-il ne peut contredire le ressenti sincère, juste ou erroné, né d'un vécu.
vendredi, novembre 3 2006
10:02
Un autre aspect c'est que les dettes public/entreprises/ménages sont largement substituables :
— Laurent GUERBYguerby.org/blog/index.php...
"'autre part, un fonctionnaire qui dénonce publiquement une dépense inutile est considéré comme un bon citoyen. Un salarié qui fait de même à propos de son entreprise peut être licencié pour faute professionnelle."
Argh, tu me piques mon idée de billet :). C'est en effet une grave illusion, les gaspillages sont probablement plus dus a la taille des organisations qu'au public vs privé. D'ailleurs il est possible que la possibilité de dénonciation publique et la "concurrence" induite par les comparaisons publiques avec l'étranger (et le privé) donne un petit avantage au public dans certains cas. Par absence de données dans le secteur privé c'est difficile de comparer deux entreprises.
vendredi, novembre 3 2006
11:00
Thomas: Certes, l'argent public est l'argent du contribuable. Mais c'est justement là où il y a myopie. En effet, la contribution marginale d'un citoyen donné au budget de l'Etat est négligeable. C'est donc moins son argent "à lui" qu'on gaspille que celui des autres contribuables. Il devrait donc se sentir peu concerné. Inversement, pour le salarié d'une entreprise, ce n'est certes pas son argent qui est en jeu. C'est son salaire (s'il y a une forme ou une autre d'intéressement), voire son emploi. Les salariés devraient donc être bien plus attentifs et allergiques au gaspillage dans leur entreprise qu'aux dépenses publiques discutables, dans la mesure où l'impact sur leur revenus est nettement plus direct.
Usual Suspect Avancer des argument, puis refuser le débat est une attitude qui me laisse assez songeur sur votre confiance dans vos propres arguments. J'y réponds pourtant : oui, chaque individu passe en général plus de temps au contact du privé que du public. Mais chaque individu ne voit du privé qu'une nombre très réduit d'entreprises (celles pour lesquelles ils travaille ou est en relations d'affaires), alors que chaque individu est en relation avec de multiples branches de la puissance publique. Du coup, chacun repère les erreurs de ces branches, mais seuls ceux qui sont en affaires avec elles remarquent les gaspillages des entreprises privées.
Vous avancez ensuite l'idée que le marché élimine les entreprises qui gaspillent. c'est vrai, mais c'est un processus extrêmement coûteux, car cette élimination se fait souvent avec pertes et fracas. C'est justement pour cela que les Etats-Unis ont adopté des lois protégeant les "whitsle blowers", les salariés avertissant les actionnaires et le public de pratiques douteuses au sein de leurs entreprises.
Enfin, si la pertinence d'un "ressenti sincère", voir le blog AlphaPsy. Oui c'est difficile, mais il est possible de convaincre quelqu'un que ses préjugés sont faux, et son observation biaisée.
— leconomistevendredi, novembre 3 2006
11:17
Je ne refuse que le débat posé en termes de "dette publique" : je ne vous ferai pas l'insulte de ré-exposer en quoi le fait de définir l'énoncé limite les issues possibles du débat. Dans ce contexte, renoncer au débat peut être associé à une position que je ne cache nullement : toute mesure privant la puissance publique de moyens sera toujours bonne à prendre tant que le débat se tiendra en ces termes.
— Usual SuspectSinon, reprenons vos arguments : j'insiste : la plupart des citoyens, dans leyur vécu, fréquentent de nombreux commerçants, de nombreux voisins, des amis, de la famille, et pas uniquement "leur boulot" et "des administrations". La plupart des citoyens reçoivent de leurs proches des récits divers des divers vécus : tel est ce contact bien plus intense avec la société civile qu'avec l'économie étatisée que je souligne (aggravé par le refus traditionnel du regard extérieur d'institutions telles que l'école, la police, et même l'administration fiscale).
Le fait que le processus de sélection des entrepreneurs ou décideurs par le marché soit coûteux n'a rien de neuf : sauf qu'en théorie, ce qui commence petit avant de finir grand meurt tôt si l'entrepreneur n'est pas à la hauteur, sauf dans le public, où l'on créé les structures à échelle 1 dès leur création. C'est donc par choix stratégique que le public s'assure du coût très élevé de l'échec en renonçant au bénéfice du test essai/erreur que permet la création d'entreprises arbitraires par des entrepreneurs arbitraires. Même s'il n'y a pas de raison de fond pour lequelles un énarque serait plus mauvais gestionnaire qu'un citoyen choisi au hasard, c'est l'envergure de la mission de gestion et de developpement qu'on lui confie qui fait le coût de l'échec. On pourrait contrer cela en vérifiant l'aptitude des décideurs publics en les projetant en plein responsabilité sur de petits enjeux ?
Enfin, je ne nie nullement la subjectivité du ressenti sincère : je constate simplement que son poids est suffisant pour que son orientation détermine l'issue des élections aussi sûrement que le vent détermine la route du voilier : c'est à dire, de manière assez certaine sauf expertise du capitaine.
Mais chaque individu ne voit du privé qu'une nombre très réduit d'entreprises (celles pour lesquelles ils travaille ou est en relations d'affaires)
vendredi, novembre 3 2006
11:37
Usual suspect :
— leconomisteVous commettez deux erreurs dans votre exposé :
- La première est que si chaque individu fréquente plus le secteur privé que le secteur public, il en voit beaucoup plus rarement l'intérieur, et c'est dans ce contact avec le fonctionnement interne qui peut être révélée l'information sur les gaspillages.
- La seconde est de penser que les entreprises sont homogènes à toutes les échelles. On considère souvent (à tort d'ailleurs) que les petites entreprises sont plus efficaces que les grandes. Dans les grandes, en effet, le poids croissant de dirigeants salariés conduit à la divergence entre leurs intérêts et ceux des propriétaires. Les dirigeants sont donc incités à s'engager dans des opérations non-rentables, mais qui accroissent leurs perspectives de revenus futur propre. Voir à ce sujet à la très abondante littérature sur les fusions et acquisitions.
En ce qui concerne le refus d'un "regard extérieur" sur l'administration, l'argument va plutôt dans mon sens : quelle entreprise vous laissera voir sa comptabilité détaillée ? C'est là mon argument : la puissance publique souffre dans la question des gaspillages d'être beaucoup moins opaque que les entreprises privées.
Enfin, il me semble que vous partez d'une pétition de principe : moins d'Etat, c'est mieux d'Etat. Comme le souligne Olivier Bouga-Olga, c'est un énoncé fort discutable.
vendredi, novembre 3 2006
11:54
Mes commentaires arrivent dans un ordre étrange... et c'est de ma faute : spamplemousse m'a bloqué des commentaires écris depuis l'interface publique du site. J'ai retenu la leçon.
— leconomistevendredi, novembre 3 2006
12:20
Je vous concède bien volontiers que les conséquences de l'oeuvre publique sont parfois très visibles et ont de plus en plus vocation à l'être, du fait d'une tendance politique profonde : par exemple, quel automobiliste n'a pas pesté contre la manie de transformer en rond-points tous les croisements (et de bien afficher combien ça va coûter et à qui dans de grands panneaux à proximité). De la même manière que le recours à des architectes d'intérieur et de la menuiserie d'exception pour la décoration des bureaux de réception des administrations locales des finances est, lui aussi, très visible.
— Usual SuspectMais j'insiste : l'humilité naturelle (et parfois entretenue par diverses humiliations quotidiennes dans la vue ou au travail) de tout un chacun fait qu'on ne porte aucun regard sur les rares comptabilités auxquelles on accède (et pourtant de plus en plus souvent) pour la bonne et simple raison qu'on ne sait pas les lire : on sait par contre jauger le coût d'une décoration, d'un aménagement, d'un phénomène visible et donc extérieur, sans même avoir grand besoin de beaucoup d'instruction pour cela, surtout lorsque l'objet de la chose visiblement créée est très précisément d'impressionner (qu'il s'agisse du nouveau logo d'une université ou du nouveau siège du conseil X. On sait aussi reconnaitre dans l'oeil du fonctionnaire chargé de vous informer un niveau de formation très inférieur à celui de son fils chômeur et apprécier un niveau de revenu à la qualité des vêtements portés ou par simple information des officines spécialisées dans la diffusion de ce genre d'informations à des fins éminemment partisanes. Tout ceci est certes subjectif, mais à mon avis dévastateur.
Il est tout aussi exact qu'à la différence du public, le privé cherche rarement à afficher des signes ostensibles de richesse, ne serait-ce que pour éviter d'attirer le regard du fisc ou la jalousie et ce qui en découle.
J'admets également que dans la mesure où malgré de notables efforts, la majorité des citoyens restent employés par des entreprises privées, ils sont bien placés pour savoir ce qui va bien ou non dans leur entreprise : mais, ayant l'exemple d'une concurrence à leurs yeux soit triomphante, soit étouffée par le poids de leur employeur, il leur est aisé d'imaginer qu'il serait facile de faire mieux ailleurs et autrement, mais toujours, dans le privé.
Pour autant, puisque qu'au fond le montant de la dette est sans importance, pourquoi ne pas tenter l'expérience du transfert des missions d'état vers le privé ? L'évidence de l'échec apparemment assuré permettra de trancher le débat une bonne fois pour toute, non ?
vendredi, novembre 3 2006
12:43
leconomiste, je propose un licenciement de spamplemousse pour faute grave :)
— Laurent GUERBYvendredi, novembre 3 2006
12:48
Pff, j'ai ma flemme de modifier les lignes de configuration pour Captcha. Et en plus, l'essentiel de mon spam passe par les trackbacks.
— leconomistevendredi, novembre 3 2006
13:19
Usual suspect:
Hum, seriez-vous par hasard allé vous promener récemment du côté de la Défense à Paris ou de la Part-Dieu à Lyon ? La plupart de ces grands sièges sociaux sont, c'est de notoriété publique, sur-dimensionnés par rapport aux besoins. En revanche, ils envoient un signal, potentiellement trompeur, sur la bonne santé et la puissance de l'entreprise qui peut se payer de telles pyramides... au prix de devoir louer les espaces surnuméraires au rabais. Seulement, tant que le signal est estimé informatif, et il peut le rester longtemps en environnement incertain, il est rationnel pour l'entreprise de jeter ainsi de l'argent par les fenêtre, puisque cela amène les autres à croire qu'on en a encore plus en réserve. Donc non, la littérature économique empirique sur les fusions-acquisitions démontre au contraire que le privé est particulièrement firand des signes extérieurs de richesse, pour des raisons certes rationnelles, mais révélant des inefficacités importantes dues à une mauvaise information.— leconomistevendredi, novembre 3 2006
14:05
Je vous avouerais penser qu'effectivement, il n'y a pas de raison pour lesquelles une très grande entreprise privée soit significativement différente d'une très grande entreprise publique : ce qui ne change pas grand chose au fait que le public reste organisée sous la forme de très grandes organisations très hiérarchisées là où le privé peut exister sous différentes formes. Et qu'effectivement, la forme a quelque chose à voir avec l'affaire.
— Usual SuspectPar contre, puisqu'il semble consensuellement admis que les exigences de l'état (équité de traitement, présence sur l'ensemble du territoire, etc.) ne sont pas atteignables autrement que sous la forme de l'organisation grande et complexe, et donc, que le secteur public ou parapublic français ne saurait s'organiser de sorte à adopter les formes requises selon le contexte, il en découle une moindre efficacité globale.
Mais, de la même manière que le progrès technique pénètre l'économie sur le dos de petits acteurs trouvant leur niche écologique sur des terrains pourtant fertiles abandonnés par de gigantesques acteurs occuppés à de grandes et bruyantes manoeuvres d'accouplement, les gains de performance ne peuvent guère espérer pénétrer le secteur public que si celui-ci daigne, au moins temporairement, abandonner les secteurs de son activité où il est le moins efficace.
vendredi, novembre 3 2006
14:17
Usual Suspect, je me pose des questions sur votre vision de l'économie. Aujourd'hui comme à l'époque de Schumpeter, le progrès technique amène plus aux portes de très grandes entreprises qu'à celles de petites PME. Ni Microsoft, no Google ni Apple ne me semblent de petites entre prises familiales.
— leconomistevendredi, novembre 3 2006
14:51
"la contribution marginale d'un citoyen donné au budget de l'Etat est négligeable. C'est donc moins son argent "à lui" qu'on gaspille que celui des autres contribuables."
— thomasEst-ce bien sûr ? Le citoyen moyen compare sa contribution marginale au budget au bénéfice individuel qu'il retire des dépenses publiques et non pas aux gains pour l'ensemble de la population (sauf bien sûr à supposer que le contribuable moyen internalise ces gains collectifs, hypothèse à laquelle je ne souscris pas, la nature humaine étant ce qu'elle est). Bref, même si ces deux "grandeurs" sont marginales par rapport au budget/à la dépense de l'Etat, elles n'en restent pas moins comparables au niveau individuel (comme chacun le sait, zéro divisé par zéro ne fait pas forcément zéro...). Point de myopie donc.
Après, la question est de savoir si le contribuable moyen évalue correctement le bénéfice individuel qu'il retire des dépenses publiques. C'est difficile à dire, du moins en France, dans la mesure où, pour pas mal de services, il n'y a pas d'alternatives à l'Etat, ie pas de prix de marché qui ferait office de point de comparaison.
Ce constat étant fait, le problème est de ne pas en tirer des conclusions attives. Nombreux sont ceux en effet qui y voient un argument en faveur d'une baisse des impôts, ce qui n'est pas vraiment la même chose.
vendredi, novembre 3 2006
15:10
"Ni Microsoft, no Google ni Apple ne me semblent de petites entre prises familiales."
— Usual SuspectMais toutes trois l'ont été, parmi d'innombrables semblables, et elles sont devenues ce qu'elles sont pour des raisons que nul n'avait su prédire. Et elles dispraitront un jour, laissant la place à d'autres ex-petites entreprises sélectionnées selon des critères que nous ignorons. Deux caractéristiques que n'auront pas, à institutions constantes, les structures publiques.
vendredi, novembre 3 2006
16:17
Usual suspect : étrange raisonnement. Pour les entreprises, cela ne vous dérange pas de faire varier la structure industrielle et technologique, mais pour les structures publiques, vous raisonnez à institutions constantes. Vous supposez donc ce que vous voulez démontrer. À ce stade, je dois sans doute vous faire remarquer que les institutions évoluent, et que les structures publiques actuelles sont sensiblement différentes de ce qu'elles étaient il y a cinquante ans.
— leconomistelundi, novembre 6 2006
10:35
la solution pour le trackback spam est heureusement simple :
— Laurent GUERBYguerby.org/blog/index.php...
Je suis passé de 100 par jour a aucun trackback spam.
Plus sur le sujet, y-a-t'il des études sur l'efficacité de la transparence pour le public vs la concurrence sur le privé sur la productivité ? Ou est-ce un sujet vierge ?
jeudi, novembre 9 2006
12:48
Pour moi, étant donné que, pour les grandes entreprise seulement c'est vrai (mais d'après Usual Suspect ce sont celles qui ont résisté a la sélection du marche et donc les plus performantes), les dirigeants passent allègrement du prive au public et inversement au gré des majorités, qu'ils ont peu ou prou les même formation, je ne vois pas pourquoi ils géreraient dans le prive que dans le public (même si souvent ils ne sont pas payes pareil).
— froljeudi, décembre 14 2006
10:28
Ma question est peut-être naïve, mais vous ne croyez pas que le statut des salariés a quand même une toute petite influence sur la qualité de la gestion? Le manager dans l'administration ne dispose d'aucun moyen de sanctionner ses collaborateurs (les sanctions réglementaires sont largement théoriques); il ne peut que susciter leur enthousiasme, ce qui est une autre paire de manches... Pas le temps de développer, mais à mon avis cette situation tend à produire dans le public une plus grande polarisation entre super-glandeurs et super-travailleurs.
— Guichardinvendredi, décembre 15 2006
10:15
@Guichardin La différence de statut des salariés entre public et privé est plus profonde. Le statut des salariés du public est contractuel. Le contrat de travail doit stipuler une liste de tâches qu'un supérieur peut demander au salarié. Le statut du fonctionnaire est législatif et règlementaire. L'autorité hiérarchique peut donc de manière quasi-discrétionnaire affecter un salarié de la fonction publique là où il est nécessaire. Cela veut aussi dire qu'il peut le mettre dans des tâches très peu intéressantes. C'est un pouvoir de sanction non-négligeable. De plus, on constate depuis quelques années la multiplication des plaintes et des pratiques de harcèlement moral dans la fonction publique. Mon impression, qui n'est rien de plus qu'une impression, est que la fonction publique est en train d'importer du privé les mauvaises pratiques de coercition sans avoir en contrepartie les leviers d'incitation positives.
— leconomistevendredi, décembre 15 2006
12:02
J'ai le même sentiment. Au sujet du pouvoir quasi-discrétionnaire, il est je pense rendu extrêmement théorique dans de nombreux secteurs du service public par les contre-pouvoirs syndicaux. Et en tout état de cause, il ne s'agit pas de sanctions stimulantes. (Le risque d'être viré est une sanction stimulante, pas forcément celui d'être mis au placard). C'est le paradoxe de notre administration, et de notre régime en général: un excès de pouvoir théorique conduit à légitimer sa contestation et à freiner, dans les faits, toute décision. Trop de pouvoir tue le pouvoir, en somme.
— Guichardin