Prenons comme point de départ le constat : chacun de nous a été témoin ou entendu parler d'une forme ou d'une autre de dépense d'argent par un organisme public dont l'utilité nous a paru douteuse, voire contre-productive. En revanche, il est plus rare que nous ayons entendu parler de choses similaires dans le cadre d'entreprises privées. Conclusion : l'Etat gaspille, le privé gère bien. Evidemment, cette induction est fausse. En effet, l'information sur la mauvaise gestion publique est beaucoup plus facile à obtenir que celle sur la mauvaise gestion privé.

D'une part, nous sommes tous concernés par de nombreuses dépenses publiques. Nous sommes donc plus souvent à même de repérer celles qui ne fonctionnent pas. D'autre part, un fonctionnaire qui dénonce publiquement une dépense inutile est considéré comme un bon citoyen. Un salarié qui fait de même à propos de son entreprise peut être licencié pour faute professionnelle. Du coup, on entend beaucoup moins parler de l'incurie budgétaire dans le secteur privé, puisque celui-ci a un intérêt direct à ne pas laisser s'ébruiter ce type d'information. Olivier Bouba Olga donne d'ailleurs mains exemples d'entreprises réalisant des délocalisations fort coûteuses sur la base d'un simple effet de mode...

Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas mettre en place des mécanismes de contrôle de la dépense publique inefficace. Mais il est doublement faux de dire que l'Etat gaspille beaucoup (c'est un effet d'optique lié à l'ampleur de son budget total), et de suggérer que l'herbe est plus verte dans les prairies privées.