Lecture : Le Savant et le Politique
Je viens de finir Le Savant et le Politique de Max Weber. Lecture intéressante, que je comptais faire depuis ma khâgne. Des kilomètres d'encre ont probablement été dédiés à cet ouvrage, y compris la pénible préface de Raymon Aron dont l'a doté les éditions 10/18. Je me contenterai donc d'en faire quelques commentaires de mon point de vue d'économiste.
Si je n'avais pas encore lu Le Savant et le Politique, j'avais souvent croisé de multiples références à cet ouvrage. Force m'est de constater que les références les plus souvent entendues ne rendent pas justice à la finesse des analyses de Max Weber. L'ouvrage est composé de deux parties de fait distinctes. La première brosse un portrait du monde académique de l'époque de Weber qui rappelle suffisamment le système actuel pour ne pas être assez gênante, puis fait le portrait idéal-typique de l'enseignant, en insistant particulièrement sur le fait que sa fonction impose au professeur de laisser ses convictions personnelles au vestiaire quand il fait cours. Je me demande si cet avertissement ne devrait pas être systématiquement inscrit au fond des amphis. La seconde partie dessine l'avènement de la structure moderne des partis, et brosse de même le portrait de l'homme politique, avec une opposition entre l'homme politique par vocation et le fonctionnaire politique, ainsi que, pour le premier, l'opposition fondamentale entre une éthique de la responsabilité (accepter les pleines conséquences des mesures prises, même si ces conséquences ne sont pas directement imputables à celui qui a pris la décision) et celle de la conviction (défendre une position parce qu'on la pense juste).
Ce qui frappe à la lecture de ces deux conférences est l'avertissement adressé sans le savoir à l'ensemble des chercheurs et enseignants en sciences sociales (et en économie en particulier) qui se trouvent souvent remplir les deux rôles à la fois.
Publié le mercredi, mai 17 2006, par Mathieu P. dans la catégorie : Notes de lecture - Lien permanent