Le Prix unique du livre à l'heure du numérique - annonce
J'ai le plaisir de vous annoncer la parution prochaine du dix-neuvième opuscule du CEPREMAP, intitulé Le Prix unique du livre à l'heure du numérique. Co-écrit avec Jérôme Pouyet, il s'agit aussi du premier chapitre de ma thèse. Il sera disponible en librairie à la mi-mai normalement, ainsi que sur le site du CEPREMAP.
De quoi ça parle ?
La quatrième de couverture :
Longtemps attendue, l’émergence du livre numérique annonce l’arrivée de biens et d’acteurs qui vont ébranler le secteur de l’édition et de la vente de livres. Ce secteur est-il en mesure de réagir à l’implantation d’une nouvelle chaîne du livre numérique qui ne serait pas régie par ce dispositif central du livre physique qu’est le prix unique ?
Tirant partie de la théorie économique, des comparaisons internationales et des données existantes, les auteurs avancent que le prix unique du livre n’a mérité ni l’excès d’honneurs ni l’excès d’indignités dont le débat public l’a chargé. Ainsi, il n’est pas certain que le prix unique ait eu des conséquences importantes sur le prix du livre, pas plus que son absence dans d’autres pays ne semble avoir véritablement nui à la production éditoriale.
Dans sa forme actuelle toutefois, le prix unique du livre entrave partiellement le repositionnement des libraires sur leur apport essentiel à la chaîne du livre, numérique comme physique – la création d’information sur le livre et l’appariement entre titres et lecteurs. Des modifications des relations entre éditeurs et libraires, associées à un prix unique plus dynamique, permettraient ainsi au secteur du livre papier de mieux répondre à l’arrivée de son alter ego numérique.
Au cas où cela ne serait pas parfaitement clair, nous parlons essentiellement du prix unique du livre physique et de ses conséquences sur l'organisation de la chaîne du livre. Nous avons bien caressé l'idée de traiter aussi du livre numérique, mais l'entreprise mérite un opuscule propre, et brasse des enjeux qui ne recouvrent que partiellement ceux du prix unique du livre physique.
Est-ce que cela a un rapport avec ce blog ?
En fait, oui. C'est en voyant ce que j'écrivais sur ce blog que Jérôme m'a suggéré d'écrire cette note, qui ensuite a servi de base à l'opuscule. De fait, nous avions l'un comme l'autre sous-estimé l'ampleur de la tâche ainsi que la sensibilité du sujet. J'espère que nous sommes parvenu à un résultat clair et équilibré.
J'en profite pour remercier Lucie Marignac, des Éditions de la rue d'Ulm, pour le travail qu'elle a réalisé sur le texte. j'avais déjà eu l'occasion de défendre l'idée qu'un bon éditeur contribue à l'amélioration de la qualité d'un ouvrage. J'en ai maintenant fait l'expérience de première main.
Ceux qui veulent me faire de la publicité sont invités à télécharger le communiqué de presse. Merci !
Publié le samedi, avril 10 2010, par Mathieu P. dans la catégorie : Économie de la culture - Lien permanent
Commentaires
samedi, avril 10 2010
13:26
:) :) :)
— Moggiosamedi, avril 10 2010
19:34
Bravo !
— éconoclaste-stéphanemardi, avril 13 2010
10:29
Cher Aîné!
Big congratulation! Impatient de te lire...
— MacroPEDsamedi, mai 1 2010
21:37
http://www.cepremap.ens.fr/depot/op...
— Moggio:)
mardi, mai 4 2010
21:19
Hum, un communiqué de presse moche (tout pixelisé) et même pas copié-collable, y'a quelqu'un qui ne sait pas faire son travail aux éditions de l'ENS...
— FXvendredi, mai 21 2010
20:34
Billet de Françoise Benhamou sur votre opuscule au Cepremap : http://www.rue89.com/en-pleine-cult...
— Moggiojeudi, août 2 2012
18:06
Vous citez dans votre opuscule l'étude d'Édith Archambault et Jérôme Lallement de 1987, qui s'intéresse essentiellement à l'effet du prix unique du livre (PUL) sur les libraires. Pour votre information (mais vous le savez peut-être), elle a été présentée à Paris lors d'un colloque fin janvier 1987 et discutée. Les actes du colloque ont été publiés dans l'ouvrage suivant : Xavier Greffe et al. (1990), Socio-économie de la culture. Livre, musique, Economica-Anthropos, juin, n° ISBN : 2717818715.
La discussion après la présentation des résultats (qui sont qualifiés d'"éminemment fragiles" par Archambault) est assez intéressante avec d'abord un échange entre les deux auteurs et l'économiste Jean Bénard de Paris-I (qui, apparemment, préférait que les libraires soit "aidés" plutôt que le livre, avec une préférence pour des transferts directs ou subventions directes "personnalisées" aux libraires plutôt qu'un "prix distordu"). Bénard, qui décide de réagir "en économiste uniquement", met en avant le fait que l'étude ne s'intéresse pas à trois effets, a priori négatifs pour lui, du PUL : (1) un effet en termes de surplus négatif ou perte de bien-être pour les consommateurs si, toutes choses égales par ailleurs, le "prix du livre" a crû en raison de la loi Lang ; (2) un effet en matière d'équité ou de redistribution avec, pour aller vite, un PUL empêchant le prix des livres de baisser beaucoup dans les "grandes surfaces souvent fréquentées par les catégories les moins favorisées" ; (3) un effet de type "capture du réglementeur" - rent-seeking au sujet duquel Bénard se demande si la réglementation en question n'est pas d'abord issue d'un processus (classique en Public Choice) venu du "groupe de pression des libraires" ou "celui des éditeurs ou bien plus largement celui des intellectuels" (je ne développe pas). Et Bénard d'indiquer ses doutes sur la valeur des résultats de la partie qualitative de l'étude d'Archambault et Lallement en expliquant que les réponses des libraires à leur enquête "sont connues d'avance, car ils savent que cette loi a été élaborée sur le thème "sauvons les libraire". Aucun ne va donc vous dire "je ne fais rien en faveur de ma clientèle..."."
Ensuite, il y a un échange entre Bénard et le "Directeur du Livre et de la Lecture" (du ministère de la Culture, je suppose) de l'époque avec ce dernier qui fait un peu la sourde oreille parce qu'il ne veut pas trop entendre ce que vient de dire l'économiste Bénard.
Puis un autre intervenant (Jean-Pierre Nioche, HEC) met en avant le manque de réelles évaluations complètes du PUL dont "l'effet sur la lecture et l'effet sur la création."
— Moggio