Les articles académiques

Dans le domaine de l'économie, la plupart des articles de recherche sont composés en utilisant le formatteur LaTeX, ce dernier disposant de fonctions puissantes de typographie, en particulier en ce qui concerne la mise en page d'équations. Quelques lignes dans l'en-tête des documents permettent de rendre l'ensemble des références internes (appels, de notes, numéros d'équations ou de figures, entrées de table des matières) cliquables, fournissant ainsi des liens internes pour la navigation dans le document. Quelques lignes supplémentaires permettent en outre de spécifier toutes les métadonnées pertinentes pour une bonne description du document. De ce fait, de nombreux documents de travail fournissent les outils minimaux pour une consultation agréable sur un ordinateur, une tablette ou une liseuse. Principal manque : la présence systématique de liens permettant de revenir au point initial (si quelqu'un sait comment faire, il est le bienvenu pour l'indiquer).

Il n'en va cependant pas souvent de même pour les versions définitives proposées par les journaux et revues académiques. Pourtant, le fichier envoyé est pratiquement identique à celui ayant servi à générer les versions de travail. Les changement concernent des en-têtes spécifiques ajoutés par l'éditeur, au moyen d'un modèle (une classe, dans le vocabulaire LaTeX) spécifique. Force est de constater que, dans le domaine économique, certain de ces modèles auraient besoin d'une sérieuse mise à jour, la consultation sur ordinateur constituant probablement le premier mode de lecture de ces articles.

Le format PDF, s'il est consultable sur la quasi-totalité des plates-formes, souffre toutefois d'un certain nombre de rigidités. Les lignes étant fixées de manière rigide, il devient difficilement consultable sur les petits écrans (9 pouces de diagonales paraît un minimum pour une lecture confortable quand on a de bons yeux). Dans l'hypothèse d'une généralisation des tablettes et liseuses, il paraîtrait donc souhaitable de passer à un format plus souple, lisible quel que soit le support. L'epub paraît le candidat naturel mai il ne supporte pas bien les équations complexes, ni les outils indispensables que sont un index ou un glossaire. L'IDPF, qui définit la norme epub, est en tous cas consciente du problème. Reste à savoir si les logiciels embarqués dans les lecteurs vont développer les capacités nécessaires pour rendre convenablement le MathML, ce qui n'est pour l'instant le cas que de Firefox en ce qui concerne les navigateurs.

Les rapports

Ce genre de considérations ne s'applique toutefois pas à la quasi-totalité des rapports produits par des institutions publiques ou privées. Dans ce domaine, Word reste le logiciel de référence. Malgré la possibilité assez naturelle d'utiliser une structuration logique par le biais des styles ainsi qu'une interface pour renseigner les métadonnéees, les rapports que j'ai pu consulter en sont dépourvus : ils sont pensés pour le papier, jusqu'à faire figurer les liens intégralement plutôt que d'utiliser des liens hypertexte[1]. Quels que soient les défauts de Word et la prise en main assez difficile des styles (been there, done that, voir mes billets sur le C2i), les fonctionnalités sont bien là. Le problème réside probablement, selon moi, dans le manque de formation des utilisateurs, du rédacteur initial du rapport à celui (éventuellement) chargé de la mise en forme selon la charte graphique de l'institution.

Il ne semble pourtant pas insurmontable de fournir des documents-modèles accompagnés de jeux d'instruction simples. Avec le développement du marché des tablettes et des liseuses, fournir des documents aisément consultables sur ces supports va devenir une condition de la diffusion de tels documents. Là encore, le format epub semble s'imposer de lui-même. De fait, la marche n'est pas bien haute : j'ai testé aujourd'hui une extension pour OpenOffice/LibreOffice qui génère des epub tout-à-fait corrects. J'imagine que cette possibilité n'est pas encore venue à l'esprit des services de communication.

Notes

[1] Il manque là le concept, présent en CSS et dans certaines classes LaTeX, de la génération de documents différenciés selon le support de lecture.