Le phénomène est assez simple. Les grands groupes bancaires ont pour la plupart des filiales à l'étranger. Si ces filiales sont suffisamment importantes et complexes dans leurs activités, le cadre de Bâle II impose qu'elles soient soumises simultanément à la régulation du pays dans lequel elles sont enregistrées et à la régulation s'appliquant à la maison-mère, via leur consolidation dans le bilan de cette dernière.

Or, face à la crise financière, certains régulateurs, ici le régulateur portugais, ont décidé de durcir les exigences. Dans un contexte où l'accès au capital est particulièrement difficile pour les banques européennes, qui doivent de plus faire face à un durcissement général des ratios de fonds propre, certaines banques ont transformé leurs filiales en branches, ces dernières étant considérées comme faisant intégralement partie de la maison-mère, et donc soumis au seul régulateur de la maison-mère.

L'application de régulations différenciées est ici doublement contre-productif. D'une part, les banques portugaises se retrouvent désavantagées par rapport aux ex-filiales de groupes internationaux car elles ne peuvent pas contourner la régulation plus stricte. D'autre part, l'avantage d'une filiale est la limitation de la responsabilité de la maison-mère, qui peut laisser une filiale faire faillite sans avoir à éponger l'intégralité des pertes. Dans le cas d'une branche, la maison-mère est responsable des pertes sans limitation. Les ex-filiales s'en retrouvent renforcées mais au prix d'un accroissement du risque systémique et du phénomène du too big to fail des banques concernées.

Il faut donc souhaiter que le régulateur européen (l'EBA) rappelle aux régulateurs nationaux que l'Europe, et la zone euro en particulier, n'est pas un ensemble où chacun peut établir des règles indépendamment de celles fixées par les autres.