Prenons comme exemple l'étude relayée par Alex Tabarrok et Vox (je donne les trois lien parce que la manière dont l'étude est interprêtée est importante). Cette étude montre que des étudiants prenants des notes à la main répondaient mieux à des questions conceptuelles que des étudiants prenant des notes sur un ordinateur portable. Le mécanisme serait que les étudiants écrivant à la main reformulent, et donc intègrent, ce qui est dit tandis que ceux qui ont un ordinateur font plutôt du verbatim.

Implicitement, on fait l'hypothèse ici qu'un des deux groupes est le groupe de traitement (mettons ceux qui utilisent des ordinateurs), tandis que l'autre est un groupe de contrôle. Sauf que ce n'est pas un bon groupe de contrôle. L'ensemble des étudiants, quelle que soit la technologie qu'ils utilisent actuellement, ont appris à lire et à écrire sur papier, et n'ont probablement commencé à utiliser un ordinateur que beaucoup plus tard (en particulier pour la prise de notes en cours). Et il est douteux que baucoup d'entre eux aient pris des cours formels de sténographie ou de typographie.

On compare donc des étudiants qui utilisent la technologie commune de référence pour l'apprentissage, et qui ont investi essentiellement dans celle-ci, à des étudiants qui ont investi dans une deuxième technologie en complément de la première. Il ne doit donc pas être étonnant que les seconds soient marginalement moins efficaces que les premiers sur un certain nombre de dimensions.

Maintenant, si on voulauit faire une expérience contrôlée propre, il faudrait que celle-ci porte sur des étudiants qui ont appris a écrire au clavier en même temps et avec le même volume horaire que pour l'écriture manuscrite, et qui ont appris à lire autant sur écran que sur papier. Et encore ne surmontera-t-on pas le fait qu'on n'a pas encore conçu de livre numérique susceptible de résister longtemps à ce que supportent les livres cartonnés destinés à la petite enfance.

En l'état, ce qu'on mesure, c'est avant tout que les étudiants ne sont pas correctements formés à l'utilisation des outils numériques dans un cadre éducatif. Ce qui, franchement, est tout sauf une surprise.