Cet article souligne un élément absent de mes précédents billets, faute de l'avoir moi-même réalisée : le fait que les taux d'intérêt réels sur les dettes souveraines les mieux notées sont négatifs. L'obligation de détention de ces dettes par les banques agit donc de fait comme une taxe (substantielle) sur les banques ainsi que sur les autres institutions financières soumises au même type de régulation (assurances, mutuelles, etc).
Je serais curieux de savoir ce que donnerait un petit exercice d'estimation de l'incidence fiscale, mesurant le taux de passage de cette taxe aux clients des différentes institutions.
3 réactions
1 De jmdesp - 27/03/2012, 12:31
A la nuance près qu'il y a quelques mois les investisseurs se précipitaient sur la dette allemande à un taux réel fortement négatif de préférence aux autres dettes elles aussi classée AAA . Ils allaient donc volontairement dans cet abattoir.
Et que depuis ce moment, les taux de la dette française sont passés d'une valeur qui me semble à l'époque avoir été un taux réel légèrement positif, à une valeur aujourd'hui qui est légèrement négatif, depuis qu'elle n'est *plus* *AAA* !
Et que le plus grand "fautif" d'un taux fortement négatif est la très libérale Angleterre, rien d'étonnant, l'alliance de la politique inflationniste de création monétaire de la banque d'Angleterre et de la surprenante bonne volonté des marché à lui conserver son AAA et des taux très favorables ne peut pas donner un autre résultat.
Enfin l'article de Vox critique peut-être cette situation, il souligne surtout qu'elle n'est pas innovante, il y a quelques dizaines d'années lorsque les états avaient du mal à juguler l'inflation, qu'une inflation à 3% était un rêve impossible, un taux négatif pour les dettes souveraine était la règle.
L'incidence fiscale n'est pas là, parce que *simultanément* les banques commerciales reçoivent beaucoup plus d'argent des banques centrales à un taux encore plus négatif, et que la doctrine du 'too big to fail' signifie qu'elles n'ont pas de risque réel à le repréter aux états à un terme plus long, forcément les banques centrales continueront à injecter ce qu'il faut, au taux qu'il faut, pour rééquilibrer le truc aussi longtemps qu'il faudra.
Bref, les taux réels sont négatif et c'est une très bonne chose, parce qu'aujourd'hui la priorité est d'euthanasier les rentiers pour relancer l'investissement vers l'économie dite réelle. Comme l'article le souligne, la IIème GM et les années qui l'ont suivi ont été une période de très forte répression financière. Elles ont aussi été des années de croissance exceptionnelle du PIB (c'est vrai, celui pendant la guerre était un PIB d'effort de guerre, mais les moyens de production ont été rapidement et efficacement réaffectés à la production civile ensuite, sans pénaliser bien au contraire le PIB civil. L'industrie civile a énormément profité de la propagation accélérée au cours de la guerre de techniques de production beaucoup plus modernes et beaucoup plus efficaces). Pour le moins, ceux qui défendraient que la répression financière est une erreur terrible ont à lutter contre la démonstration qu'elle est très loin de forcément empêcher la croissance.
2 De Mathieu P. - 27/03/2012, 13:28
Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut relancer l'investissement. Je doute qu'obliger les banques à investir leurs rares liquidités dans la dette souveraine constitue un bon levier à cette fin.
Concernant les années post-deuxième guerre mondiale, il faut quand même rappeler deux facteurs :
Faute de destruction à grande échelle et de pays significativement plus proche de la frontière technologique, il ne faut pas espérer pouvoir reproduire ce qui fut fondamentalement un rattrapage. Le fait qu'il s'agissait d'années de répression financière à sans doute bien moins d'importance que la position particulièrement dégradée de l'Europe à cette époque.
3 De Henri Tournyol du Clos - 27/03/2012, 13:42
+1 - J'ajouterai qu'il est assez pénible de devoir rappeler ce point fondamental sans arrêt et que c'est quelque peu lassant.