Ainsi que plusieurs médias s'en font fait l'écho (par exemple sur le blog de l'ENSSIB, chez 01.net ou chez Atanltico), des enquêteurs de la Commission Européenne ont perquisitionné hier (mardi 1er mars 2011) chez les principaux éditeurs français, réquisitionnant ordinateurs et téléphones. Il s'agissait de trouver des preuves d'une entente sur les prix des livres numériques.
Tant 01.net qu'Atlantico relayent l'idée que la démarche procéderait d'une sollicitation par Amazon. Cette entreprise n'étant pas touchée par la loi sur le prix unique du livre numérique, elle doit être actuellement en train de négocier avec les éditeurs des contrats de mandat lui permettant de diffuser les livres numériques de leurs catalogues. Ces contrats permettent aux éditeurs de fixer le prix de vente final de leurs ouvrages mais sont négociés séparément. Il est en effet tentant d'imaginer que l'enquête constitue une réponse d'Amazon face à des proposition de prix et de marge qui lui auraient paru trop étrangement similaires pour n'avoir pas fait l'objet d'un accord.
Sans préjuger ce de cas d'espèce, on peut toutefois noter que pour le livre physique et même sans l'outil de coordination que constitue le prix unique du livre, les prix ont tendance à se concentrer sur des valeurs focales[1] découlant d'une coordination des anticipations sur la marché plutôt que d'une collusion.
Cette coordination requiert toutefois que les différents acteurs soient d'accord sur ce que sont les valeurs focales, correspondant à un certain équilibre du marché. Ce qui n'est pas le cas ici, la dispute entre les éditeurs et Amazon se nouant justement sur le fait que ce dernier veut proposer les titres à des prix que les éditeurs estiment trop bas (et surtout risquant de faire de la concurrence au livre papier).