Un succès du petit commerce
En lisant cet article de The Economist sur la manière dont les épiceries de proximité japonaises battent les supermarchés et discounters sur leur propre terrain, je ne peux m'empêcher de penser à la situation de la librairie.
L'article expose comment une coopérative d'épiceries de proximité (Zen Nippon Shokuhin) s'est organisée de manière à gagner du terrain sur la grande distribution. La recette ? Faire mieux que celle-ci sur son propre terrain, les prix, en mobilisant l'analyse des habitudes d'achat des clients. L'idée n'est pas neuve, puisque les organisateurs de la coopérative sont allés la chercher chez les supermarchés Tesco en Grande-Bretagne.
La différence est que les grandes chaîne de distribution fonctionnent à coups de promotion et de réductions pour les détenteurs de leur carte de fidélité sur la base de ristournes que les distributeurs ont eux-mêmes obtenu sur les marché de gros. Les épiceries en question on pris le problème dans l'autre sens, et analysé les paniers individuels des clients pour leur proposer des réduction sur les produits les plus fréquemment achetés. Cette information permet alors une gestion plus fine des stocks, élément important pour des magasins aux surfaces faibles et offre à la coopérative une meilleur position pour négocier avec ses fournisseurs.
En termes généraux, il s'agit d'un renforcement technologique de ce qui est toujours présenté comme l'avantage du commerce de proximité : la personnalisation et l'attention portée à chaque client, par opposition à une grande distribution de plus en plus anonymisée. Dans le cas des libraires, le problème est évidemment que le prix unique du livre empêche toute réduction personnalisée, rendant inefficace toute initiative de ce type. Au grand bénéfice des grandes surfaces.
Publié le mercredi, février 2 2011, par Mathieu P. dans la catégorie : Économie de la culture - Lien permanent
Commentaires
mercredi, février 2 2011
20:24
J'allais dire que c'est intéressant mais, justement, avec un prix unique contraignant, ça ne marche pas... Bien sûr, c'est ce que vous dites dans votre dernier paragraphe. C'est en tout cas ce que rappelait Jérôme Pouyet sur France Culture lundi soir : pas d'ajustement "naturel" (je crois que c'est l'adjectif qu'il a utilisé) du prix pour le détaillant pour une meilleure "réponse" aux variations observées de la demande... Un économiste parlerait ici de possibilités d'échange mutuellement bénéfiques empêchées...
— Moggio