En substance, le discours de Michel Rocard, c'est qu'il faut un Commissariat général au Plan au niveau mondial. Il parle certes de « régulation », mais les termes utilisés démontrent qu'il ne connaît pas la signification de ce terme.

Ce qui ma fait sursauter (et pourtant il était tôt), c'est quand il a dit qu'entre 1945 et 1975, il y a avait 5% de croissance en moyenne et le plein-emploi dans tous les pays de l'OCDE, et que la seule différence entre cette époque et maintenant était le mode de régulation du capitalisme. Donc, nous devrions pouvoir revenir à la situation de cette époque. Ben voyons. Je suis stupéfait qu'aucun journaliste n'ait eu la présence d'esprit de lui faire remarquer, au choix :

  • Que la croissance de cette époque était tirée en large partie par un effet de rattrapage, ce qui n'est plus le cas ;
  • Que sa proposition d'une troisième guerre mondiale pour relancer l'économie avait peu de chances d'être acceptée, même la guerre contre le terrorisme de Bush ne faisant office que de guerre froide du pauvre ;
  • Que la croissance de cette époque avait été puissamment aidée par les milliards du plan Marshall ;
  • Qu'à cette époque, les États-Unis (pourtant dans l'OCDE) étaient très loin du plein-emploi ;
  • Qu'à cette époque, la France a bien profité d'une main-d'œœuvre immigrée à très bon marché issue des (anciennes) colonies, et que c'est bête, maintenant, on s'interdit d'exploiter les gens comme ça ;
  • Qu'il y a dans le monde d'autres pays que l'OCDE, et que les années depuis 1975 ont bien profité à la moitié de l'humanité.

Bref, il y avait de quoi lui faire remarquer qu'il disait une énorme ânerie. Mais non. Ce n'est pas la première fois, et sans doute par la dernière, que je remarque que les invités aux Matins de France Culture peuvent dire des énormités historiques ou économiques sans provoquer la moindre réaction (alors que quand c'est un Kramarz qui parle de ses recherches...).