Le UK film Council n'avait certes ni l'ancienneté ni le même mode de financement que le CNC. Sont site, toutefois, s'était distingué par la qualité de sa réalisation et surtout par sa communication statistique qui en a fait une référence pour le cinéma britannique, y compris dans la commande d'analyses et de rapports à des universitaires. Surtout, son aide au financement du cinéma britannique est présentée par ses défenseur comme le ciment de cette industrie. Si le débat dans son ensemble sera probablement intéressant à suivre, les deux axes d'attaque essentiels contre l'action de l'UK Film Council semblent déjà dessinés :

  1. La recherche du succès : cet article du Guardian (qu'on ne peut soupçonner d'être pro-gouvernemental) relève que le principal reproche fait à l'UK Film Council est d'avoir concentré ses moyens sur des films à gros budget, plus précisément des feel-good movies, au détriment de sa mission d'encouragement à la création. Une rapide recherche m'indique que Le Vent se lève a reçu du fonds £545 000, contre £945 043 pour Joue-là comme Beckham, sans correction pour l'inflation. C'est évidemment sans compter tous les projets qui n'ont pas été fondés. Ce type de reproche est également récurrent lorsqu'il s'agit du CNC, on se rappelle l'affaire du financement de Un long Dimanche de fiançailles. Le CNC semble toutefois avoir une politique nettement plus diversifiée, la critique inverse, celle du saupoudrage, étant tout aussi fréquente (sans que les deux soient exclusifs d'ailleurs, la conjonction de la concentration des moyens sur les grosses machines et le saupoudrage étant deux travers constants de financement de la culture en France).
  2. L'effet d'éviction : il semblerait également que l'action de l'UK Film Council, qui exerçait une pression forte sur la direction artistique des films subventionnés (décision du montage final, en particulier), ait activement découragé des investissements privés dans le cinéma. Dans le monde anglo-saxon, c'est une tare rédhibitoire, évidemment. La question se pose cependant aussi en France, plutôt sur le mode de savoir comment le fonctionnement des subventions du CNC affecte les incitations privées au financement du cinéma.

Je suis curieux de savoir si un débat sur la question traversera la Manche, ou se résumera à un satisfecit concernant le fonctionnement du cinéma français.