Luc Besson délire
De temps à autre, on voit ressortir un article sur la menace terrible que le téléchargement illégal fait peser sur la création. Le plus souvent, ce sont les maisons de production qui s'y collent. Plus rarement, ce sont les artistes eux-mêmes. Aujourd'hui dans Le Monde, c'est au tour de Luc Besson, qui nous gratifie d'un beau numéro d'ignorance.
L'avantage des artistes, c'est qu'ils ne sont en général pas rompu à l'exercice de la recherche de rente et du lobbying. Du coup, les ficelles de l'argumentation habituelle deviennent des cordes bien visibles. C'est particulièrement le cas de cet article. Naturellement, il s'agit de faire l'apologie de la riposte graduée et de clouer au pilori les méchants qui téléchargent illégalement des contenus (et font perdre beaucoup d'argent aux pauvres artistes dans la misère). Seulement là, c'est tellement gros que ça a du mal à passer. Dès l'introduction :
Il est un délit maintenant reconnu de tous : celui de visionner des films gratuitement sur son ordinateur via Internet. On appelle ça le "piratage", bien que l'image soit bien moins glamour que celle du capitaine Sparrow bravant les forces de l'océan. Le piratage est tout simplement "un vol caractérisé". Il y a 500 000 vols de films par jour en France : 500 000 connexions illégales. Les internautes français détiennent ce triste record du monde.
Trois erreurs factuelles en cinq phrases : la performance est respectable. Il faudrait sans doute commencer par expliquer à Luc Besson le fait que le téléchargement illégal n'est pas en France un vol, mais une contrefaçon, ce qui n'est pas du tout la même chose. La raison en est évidente : les biens dont il s'agit ne sont pas rivaux. Si je vole une pomme à un étalage et la mange, le vendeur a une pomme en moins à vendre. Si je télécharge un film, le vendeur n'a pas un film de moins, et je n'empêche personne de lui acheter le droit de le visionner. Évidemment, parler de vol est plus impressionnant que de parler de contrefaçon, mais à ce niveau-là, je ne suis franchement pas sûr que Luc Besson comprenne la différence.
Deuxième erreur : prétendre pouvoir donner un chiffre fiable du nombre de téléchargements de films en France. Je serais bien curieux de voir comment a été calculé ce chiffre (ne serait-ce que pour lui appliquer le même traitement qu'au nombre d'emplois liés à l'automobile), mais je suis prêt à parier qu'il relève, au mieux, de l'estimation au doigt mouillé. Utiliser publiquement un tel chiffre, c'est au mieux de l'ignorance, au pire la mauvaise foi la plus caractérisée. Dans le même ordre d'idée, j'aimerais bien savoir où Luc Besson a trouvé des chiffres concernant les téléchargements illégaux en Chine, en Inde ou au Mexique afin de les comparer à ceux de la France.
Troisième erreur conceptuelle, celle d'affirmer que tout visionnage d'un film téléchargé illégalement prend la place d'un achat correspondant. C'est tout bonnement stupide, puisqu'on pourrait aussi bien dire que ces visionnages prennent la place d'autant de soirées devant la télévision, et donc ne prennent la place d'aucune vente. Comme le rappelait récemment Ruth Towse dans sa revue de littérature, les données actuellement disponibles doivent avant tout inciter à la prudence, en particulier en matière législative, face aux revendications des producteurs.
Le reste de l'article reprend une autre antienne, qui, pour être partiellement vraie, n'a pas les conséquences que Luc Besson voudrait lui donner. Il fait remarquer qu'un certain nombre d'entreprises (plates-formes, moteurs de recherche, fournisseurs d'accès) tirent parti du téléchargement illégal, puisque celui-ci augmente la propension à payer des consommateurs. D'où la revendication d'une part du gâteau, d'une manière il faut bien le dire assez peu fine. Ce que demande en effet Luc Besson, c'est l'argent de la licence globale... sans accorder la licence. Et le même Luc Besson d'avancer le chiffre d'un milliards d'euros de manque à gagner tout aussi sujet à caution que les autres.
Faut-il ignorer ce genre de tribune ? Tant qu'elles sont sur ce ton, sans doute oui : je ne crois pas qu'une discussion soit possible tant que les auteurs se fondent sur une conception aussi erronée de ce que sont les biens informationnels et de la finalité des droits à percevoir rémunération qui leur sont conférés. Du point de vue de l'économiste, ces droits n'ont rien d'absolu : ils ne sont qu'un outil destiné à fournir les incitations nécessaires à la productions d'uvres. Et pour l'instant, je reste peu convaincu des discours selon lesquels la création est menacée, qui dépasse rarement la revendication. Je préfèrerais avoir en face un discours articulé, cela permettrait d'avancer, ce qui n'est pas possible avec ce genre de tribune.
Publié le samedi, février 14 2009, par Mathieu P. dans la catégorie : Propriété intellectuelle - Lien permanent
Commentaires
dimanche, février 15 2009
00:54
Merci pour cette réaction rapide, le texte de Luc Besson ayant été mis en ligne moins de trois heures auparavant.
— MoggioPour réagir à la dernière partie de votre billet, peut-on la compléter en précisant que, en plus d'une fonction économique d'incitation à la création/production (versus usage des oeuvres), la seconde fonction économique des droits d'auteur est de "faciliter les échanges" entre agents économiques grâce à leur caractère cessible, en permettant un gain en efficience économique potentiel (division du travail, spécialisation, etc.) ? C'est ce qu'expliquent par exemple les économistes François Lévêque et Yann Ménière dans leur "Repères" sur l'économie de la propriété intellectuelle dont une version anglaise est en ligne gratuitement (www.bepress.com/cgi/viewc... ).
Toujours sur la dernière partie de votre billet, en effet, une publication d'éléments d'analyse plus neutres (indépendants), plus solides et plus complets serait préférable, notamment d'un point de vue économique. À ce sujet, auriez-vous lu des articles d'économie récents analysant globalement l'impact économique (positif ou négatif ou nul) net des techniques permettant aujourd'hui de télécharger gratuitement ou non des fichiers informatiques à contenu culturel sur la Toile, globalement au sens où ils prennent en compte l'ensemble des effets produits sur l'ensemble des acteurs économiques (coûts ET bénéfices), pas seulement ceux concernant directement les "industriels", pour le dire vite ? Dans son remarquable livre Copyright and Economic Theory: Friends or Foes? publié en 2000 chez Edward Elgar, l'économiste Richard Watt montrait notamment comment l'analyse économique exclut nullement la possibilité que les pratiques (de l'époque) de "piratage" d'oeuvres soient globalement bénéfiques, même pour les "producteurs". De même, l'économiste John McMillan, dans son introduction au fonctionnement des marchés intitulée Reinventing the Bazaar publiée en 2002, expliquait que la fermeture de Napster signifiait priver les fans de leur plaisir tiré de l'écoute de musiques accessibles essentiellement gratuitement (réduction du surplus des consommateurs), alors que ne pas fermer Napster signifiait une possible réduction de l'activité créative (musicale), si les maisons de disques, les compositeurs et les musiciens ne sont pas "pleinement rémunérés" (inefficience dynamique). Et McMillan complétait son "calcul coût-bénéfice" avec un troisième effet en notant la possibilité d'une baisse des profits pour l'industrie du disque si Napster n'était pas fermé ; mais il prenait soin alors de noter juste après, avec raison, que cette baisse possible se trouvait globalement compensée puisqu'elle correspondait exactement "à plus d'argent dans les poches des fans de musique".
dimanche, février 15 2009
09:28
Leurs méthodes d'évaluation, en effet, on les connaît :
— éconcolaste-stéphaneeconoclaste.org.free.fr/d...
La science à l'état pur.
lundi, février 16 2009
09:34
Luc Besson est certe un artiste, mais c'est aussi un homme d'affaire avisé, qui n'est pas si innocent que ça en ce qui concerne la recherche de rente et de lobbying: rgardez du coté de la cité du cinéma à saint denis comment l'homme fait pour capter les subventions.
— Big HornoMerci de rétablir la distinction entre contrefaçon et vol, trop courante. Luc Besson regarde-t-il peut-etre trop de DVD qui proclament "pirater c'est voler"?
lundi, février 16 2009
15:04
En réaction à l'article de L. Besson : www.lemonde.fr/technologi...
— Moggiomardi, février 17 2009
18:50
Je conteste la première erreur ! du point de vue de Besson, la contrefaçon est aussi dommageable que le dol : quelqu'un qui télécharge une de ses productions est très probablement quelqu'un qui dissuadera ensuite voisins et amis de payer neuf euros pour cette daube, même s'ils y étaient prêts au départ...
— EmmelineRien à dire d'autre, évidemment.
mardi, février 17 2009
18:53
Luc Besson délire peut-être mais ses efforts ne semblent pas infructueux : www.lesechos.fr/info/comm... .
— MoggioAu sujet d'une analyse du sujet peut-être plus satisfaisante, la version anglaise d'un rapport néerlandais tout récent sur les effets économiques du partage de fichiers informatiques à contenu culturel devrait être disponible dans quelques jours. Son résumé en anglais en ligne (tno.nl/content.cfm?contex... ) semblerait indiquer que ces effets ne sont pas si négatifs que certains pourraient le penser ou souhaiter. Reste à savoir si ce rapport est solide. À suivre...
mardi, février 17 2009
19:01
J'ai oublié de signaler cette analyse juridique des efforts récents de Luc Besson : www.maitre-eolas.fr/2009/... .
— Moggiomardi, février 17 2009
23:42
Allez, on va dire la vérité vraie.
— La vérité vraieJusque là, les économies prétendument les plus avancés se sont désindustrialisées. Elles comptent donc maintenant sur l'immatériel, le vent dirait certains, pour gagner leur vie. Elles espèrent se créer une rente fructueuse pour les années à venir. Mais pour cela, elles se doivent de mettre le paquet sur les droits d'auteur pour assurer cette rente future.
Ainsi, il est un scandale que personne ne dénonce, et qui est devenu normal dans le paysage. Il s'agit de l'aspect patrimonial des droits d'auteur (c'est-à-dire que je ne vise pas le droit moral de l'auteur).
En effet, les droits d'auteur durent et permettent une rémunération 70 ans après la mort de l'auteur.
Prenons un exemple : Sigmund Freud, mort en 1939. Il n'est pas aujourd'hui encore tomber dans le domaine public et ses héritiers touchent. De même que Saint Exupéry mort en 1944... Et j'en passe.
Qui sont ceux qui touchent ? Ont-ils seulement un jour connu les personnes dont ils bénéficient des droits d'auteurs : pas sûr du tout. Est-ce que Saint-Ex ou Freud ont créé leur Oeuvre pour que la progénitures de leur progéniture aient encore les revenus correspondant plus de 70 ans après leur disparition ?
Arrêtons cette hypocrisie. Les auteurs ne crée pas pour cela, et certainement pas pour que cela profite à des inconnus, comme cela a été le cas de Ravel dont jusqu'à 2007, les 2 millions d'euros par an ont profité au chauffeur et à l'infirmière du frère de l'artiste !!!
On maintient cette loi et cette durée inique, simplement pour quelques producteurs, maisons d'éditions continuent à disposer du monopole que confère le droit d'auteur. On crée de l'économie de rente plutôt que d'encourager la vraie création : celle des artistes vivants qui se fichent bien de ce qui se produira financièrement dans 70 ans après leur mort.
Il faut réclamer la réduction de la durée des droits d'auteur à 30 ans après leur mort, par exemple, et même pourquoi pas moins. 70 ans, c'est un vrai scandale.
mercredi, février 18 2009
09:41
Cela devrait sans doute faire l'objet d'un billet complet, mais je n'ai pas le temps ni l'envie en ce moment : le problème des droits d'auteur. Il faut, je crois, comprendre que le dialogue est brouillé par le fait que la plupart du temps, économistes et artistes ne parlent pas de la même chose, quand bien même on ne parle que de droit patrimonial.
Quand j'entends les auteurs parler du droit d'auteur, j'ai l'impression qu'ils partent de l'idée que la propriété intellectuelle est un droit naturel. Une telle conception a une légitimité certaine, dérivant d'une conception de la propriété elle-même formulée par John Locke et de ce fait très importante dans la conception libérale de la société. Dans ce cadre, la propriété intellectuelle, et donc le droit d'auteur, constitue la forme la plus pure de la propriété, qui elle-même constitue le premier corollaire de la liberté individuelle. À ce titre, elle peut effectivement être considérée comme un élément fondateur de la société, et on peut y défendre un droit d'auteur perpétuel.
Les économistes ont de leur côté une vision instrumentale du droit : le droit n'est pas considéré comme naturel ni même soumis à des exigences fortes de cohérence avec un système donné, mais comme un outil en vue d'améliorer le bien-être d'ensemble de la société (avec des définitions différentes de ce qu'est le bien-être en question) ou l'efficacité de l'utilisation des ressources rares. Dans ce cadre, il existe un arbitrage manifeste entre fournir aux artistes les incitations désirables à produire des uvres et les inefficacités entraînées par les limitations apportées à la diffusion des dites uvres une fois qu'elles existent. Le reste est une question empirique d'évaluation des incitations et des inefficacités en question, et il est fort possible que la durée socialement désirable soit très nettement plus courte que celle actuellement en vigueur.
Je fais sans doute ici trop de crédit à un certain nombre de discours, qui relèvent beaucoup plus de la recherche de rente que de la pensée de la place du droit d'auteur dans la société. Cela permet en revanche d'expliquer pourquoi certains auteurs (en particulier ceux proches des milieux journalistiques) réagissent très violemment à toute remise en compte du bien-fondé du droit d'auteur alors que la part des droits d'auteur dans leurs rémunérations est au mieux mineure, souvent anecdotique.
— Mathieu P.mercredi, février 18 2009
11:59
Léconomie du droit dauteur est effectivement un sujet très intéressant.
— La vérité vraieLa situation est différente selon le domaine artistique : dans le domaine musical lauteur-compositeur-interprète est trois fois auteurs, dans le domaine cinématographique la complexité vient du fait de la multitude dintervenant dans la création. Dans ces deux domaines, ce rajoute la question de la représentation de luvre.
Reste le plus intéressant, le domaine littéraire (plus justement ce qui tourne autour du livre). Là, ce quon appelle lexception culturelle joue à plein : le livre nest pas strictement un objet économique. Les auteurs, comme vous le dites, ont une rémunération mineure voire anecdotique. Ce qui pousse à écrire ne résulte pas donc pas une motivation économique. Les journalistes et enseignant-chercheur gagnent leur vie autrement, et peuvent se contenter de rémunération faible, complémentaire. Les passionnés, se contentent de leur passion. Et au final, il ny a peut-être qu1% des auteurs qui peuvent ne vivre que de leur plume.
Donc, quand on propose une protection durant 70 ans, cela profite à qui ? Au 1% les plus riches ! Et encore, une fois mort, tout cela leur fait une belle jambe ; ceux qui profitent vraiment, ce sont les intermédiaires : les maisons dédition, les producteurs
Donc, en résumé quil existe des droits dauteur pour motiver les auteurs : oui. Que ceux qui ont des uvres qui marchent gagnent plus : daccord. Mais au final, 70 ans de protection cela ne bénéficie en réalité quà 1% des mieux lotis, cest donc strictement inégalitaire. Et en plus, ce ne sont pas ces auteurs qui vraiment en profite une fois mort, mais un ensemble dintermédiaires, voire de parasites.
Donc : discutons avec ce bon monsieur Besson qui fait partie des 1% les plus riches. Mais pour tout remettre en cause pour favoriser la création actuelle et pas seulement sombrer dans la pure répression.
Lobjectif est deuthanasier les rentiers.
mercredi, février 18 2009
13:22
Je crois que vous n'avez pas les idées très claires sur les mots que vous maniez, ce qui nuit à l'efficacité de votre discours. Si on peut penser que les héritiers sont effectivement des rentiers, il n'en va pas nécessairement de même des auteurs et intreprêtes eux-mêmes. Ce n'est pas évident non plus pour les sociétés de production et autres éditeurs. Ces derniers ne sont pas des intérmédiaires neutres, mais réalisent triple de travail de filtrage, d'accompagnement des artistes et de mutualisation des risques. Les sommes importantes qu'ils reçoivent de quelques succès payent un nombre très important d'échecs. Les rentiers ne sont pas aussi faciles à identifier que cela.
Dans le même ordre d'idées, vous dites que les droits d'auteur ne profitent qu'à une minorité des artistes. C'est vrai. Vous dites ensuite que c'est injuste. Là, c'est beaucoup plus discutable : rien ne prouve que cette différence de rémunération n'est pas le simple signe d'une différence réelle et correspondante de talent qui justifierait la différence de revenus. On peut ne pas aimer les films de Luc Besson, mais force est de constater que leur capacité à attirer un grand nombre de spectateurs est réelle. Or, la rémunération des uvres de l'esprit repose sur cette seule capacité, et non sur des critères de « qualité » artistique sur laquelle personne au reste ne s'accorde. Il est bien sûr également possible que ces différences ne recouvrent que des différences mineures de talent, et que seul le hasard des cascades informationnelles favorise les uns et pas les autres. Tant qu'on ne sait pas départager entre les deux hypothèses, il faut à mon sens se garder de confondre inégalité et inéquité dans la distribution des succès et des rémunérations qui vont avec.
— Mathieu P.mercredi, février 18 2009
15:22
Pour recadrer un peu le débat, mes propos sont bien dirigés contre les droits (patrimoniaux) sur des oeuvres d'artistes morts ; si les droits d'auteur existent ce n'est que pour favoriser la création "vivante" faite par des artistes vivants et payer leur travail (Donc on est d'accord sur "il n'en va pas nécessairement de même des auteurs et intreprêtes eux-mêmes. ")
— La vérité vraiePar contre : "Ce n'est pas évident non plus pour les sociétés de production et autres éditeurs". Sur des oeuvres d'auteurs morts, ils ne prennent pas de risque, ils se contentent de tirer profit du cadavre et de sucer une partie de la rente (La rente, c'est la pulsion de mort (Voir Dostaler et Maris)). Penser qu'une oeuvre dont l'auteur est mort il y a 69 ans (Freud ?) confère un monopole : et donc, aboutit à une attitude de monopoleur.
Puis : "quelques succès payent un nombre très important d'échecs". Cela, c'est une jolie histoire qui est racontée par les rentiers.
"vous dites que les droits d'auteur ne profitent qu'à une minorité des artistes. C'est vrai. Vous dites ensuite que c'est injuste. Là, c'est beaucoup plus discutable". Sur les auteurs morts, je confirme que cela ne profite qu'à une extrême minorité dont l'oeuvre leur survie. Cette protection post-mortem, elle ne s'adresse qu'à ceux qui ont réussi, donc aux plus riches : ils ont gagné vivant, et une rente de 70 ans suivra. Les 70 ans ne servent pas à la grande majorité besogneuse. C'est comme le bouclier fiscal : n'allez pas dire au smicard que cela s'applique aussi à lui, il risque de mal le prendre.
Donc, c'est injuste car cela ne sert pas à la création contemporaine mais à instituer une rente au profit d'une minorité (et la fable qui voudrait que cela revienne à la création, prouvez-la moi).
Ensuite, sur le même thème que précédemment, prenons cette fois-ci les artistes vivants. Vous dites, ce n'est pas injuste, car la rémunération ne dépend pas de la qualité mais de la capacité à attirer le public. Je vous le concède. Mais point trop de naïveté non plus : vous savez aussi qu'on utilise une machine de guerre qui s'appelle marketing. Donc, on ne rémunère plus seulement par les droits d'auteur, la création mais aussi les techniques modernes de propagandes (c'est un mot bien plus juste que le terme erroné de communication) : cela paraît moralement un peu moins juste dit ainsi. De plus, sans parler de marketing, je vous renverrais à René Girard et au désir mimétique, ainsi qu'à la psychologie des foules ; il est aussi dans le domaine artistique des phénomènes mimétiques : des foules qui se déplacent pour contempler d'autres foules. Et le mérite de l'artiste, je le cherche : il tient à des paramètres qu'il ne maîtrise plus... cela devient du loto pas du travail.
En conclusion, vous pensez que les artistes millionnaires sont justement rémunérés dans le système actuel. Mais cela me rappelle très vaguement qu'on disait aussi cela, il y a encore peu, à propos des grands PDG. Et brusquement, tout le monde se souvient qu'on a étudié le problème depuis longtemps et que jamais on n'a pu justifier théoriquement les niveaux de rémunération correspondants... Ce n'est pas une juste rémunération mais une rémunération qui est aussi lié à des questions de rapports de force, de pouvoir... on pourrait dire des questions politiques !
Donc, je crois qu'on peut bien parler d'inégalité, à niveau neutre... puis d'inéquité à un niveau plus politique.
Je n'ai pas la solution pour la création vivante mais je crois que la réduction drastique de la durée post-mortem des droits d'auteur s'impose, plutôt que de laisser à une petite minorité fortuné cette rente à titre d'avantage acquis.
mercredi, février 18 2009
15:55
Attention, j'ai peur que vous ne partiez en délire, là. D'une part, l'existence de subventions croisées entre les gros succès et les échecs n'est pas une belle histoire racontée par les éditeurs, mais la réalité de leur métier. Si ce n'était pas le cas, la rentabilité de ces entreprises serait à la hauteur de celle des succès, ce qui n'est évidemment pas le cas (le rendement du secteur de l'édition est inférieur au rendement moyen). Arthur De Vany (Handbook of the Economics of Arts and Culture, chapitre 19) fait remarquer que ce système de subventions croisées est inhérent à la dynamique même de succès et d'échec des biens culturels, et qu'un éditeur qui chercherait à rentabiliser chacun de ses titres n'y trouverai pas son compte. Peu importe à ce niveau que l'auteur des uvres concernées soit vivant ou non : on prend autant de risque éditoral à publier Béroalde de Verville qu'un auteur contemporain peu connu. Donc non, vous n'arriverez pas à me convaincre que les maisons d'édition sont juste de méchants parasites, parce que cette accusation est simplement contradictoire avec la réalité des politiques éditoriales observées.
Le même De Vany, d'ailleurs, sur la base des budgets des films américains, contredit très largement ce que vous dites ensuite. Il remarque en effet que les dépenses publicitaires augmentent la variance des recettes d'un film, mais pas son espérance. Autrement dit, une campagne publicitaire ne fait pas un succès, mais amplifie l'échec ou le succès du bien concerné. Autant donc pour votre paragraphe sur le marketing (qui n'est pas la propagande, ne mélangeons pas tout).
En conclusion, vous ne m'avez, je crois, pas bien lu. Je n'ai pas dit que les artistes millionaires étaient justement rémunérés. Ce que j'ai dit c'est que les connaissances actuelles ne permettent justement pas de faire de jugement de valeur quant à l'équité de leur rémunération, et donc qu'il fallait se garder de justifier ou de condamner. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il en va de même pour les grands patrons (voir ce billet chez Mafeco). Faute d'avoir compris cette distinction, vous retombez dans le travers contre lequel je vous avertissais, celui du glissement indû entre inégalité et inéquité.
Mon opinion personnelle est que la durée actuelle du droit d'auteur est très nettement excessive. Mais aussi que l'argument de l'inégalité de la distribution des revenus est un des plus mauvais arguments que l'on puisse apporter à l'appui d'une telle réduction, dans la mesure où il a un fondement purement politique et, à ce titre, très discutable.
— Mathieu P.mercredi, février 18 2009
19:43
Suite de la très intéressante analyse juridique d'Eolas à la suite d'une interview de l'actuel porte-parole de l'UMP : www.maitre-eolas.fr/2009/... . Eolas est acerbe, drôle, instructif, pertinent. Lecture recommandée !
— Moggiomercredi, février 18 2009
22:03
*** « le marketing (qui n'est pas la propagande, ne mélangeons pas tout). »
— La vérité vraie+++ Je n'ai pas écrit : marketing = propagande mais que communication = propagande. Le marketing nest pas de la propagande mais lutilise entre autres moyens.
Je vous renvoie à laméricain Edward Bernays (1891-1995), le créateur de la publicité moderne : son livre sintitule « Propaganda !!! Il est en lecture libre et légale (ouf, on ne risque rien de Besson) sur le site des éditions Zones.
Effectivement quand je vois à la télé une pub de lessive, je ne vois pas où il y a communication : il ny a pas déchange mais simple tentative dimplanter en moi un désir pour me pousser à agir, à acheter: cest la propagation dune idée donc de la propagande. Ce nest pas parce quon a pris lhabitude dutiliser un mot (communication) faux et manipulatoire quil faut lutiliser.
Quand on lâche sur les mots, on finit par lâcher sur les idées : et c'est ce qui c'est produit !
*** « les connaissances actuelles ne permettent justement pas de faire de jugement de valeur quant à l'équité de leur rémunération »
+++ Cest bien ce que jai dit. Les théories économiques ne permettent pas de justifier les niveaux de rémunérations : au mieux, elles décrivent mais ne justifient pas.
Donc quant on parle déquité, de juste ou pas juste, on nest plus sur le plan économique strict mais sur un plan sociale et moral.
*** « Arthur De Vany (Handbook of the Economics of Arts and Culture, chapitre 19) »
+++ Vous citez Arthur De Vany. Cest ce quon appelle, en rhétorique, un argument dautorité.
Les propos de ce monsieur De Vany ont-ils la moindre fiabilité, la moindre autorité ? Pour en juger, il me faut commander louvrage en question qui coûte 120$, que jattende de le recevoir, et que vous attendiez que jai péniblement fini de lire cet ouvrage en anglais et eut réfléchi à ces propos.
Bien sûr vous mopposerez que M. De Vany est un éminent universitaire et que je me dois de lui faire confiance. Sauf que M. De Vany, comme tout bon universitaire anglo-saxon qui se respecte est consultant : de CBS, Warner, Universal Studios je pourrais émettre des doutes sur lindépendance et la probité de son jugement quand il sexprime sur la fable en question, qui profite aux producteurs.
Et sûrement, me reprocheriez mes doutes, tout comme vous lauriez fait si en 2000 javais osé mettre en doute les rapports daudit dAndersen, ou en 2006, je métais questionné sur les notes AAA attribué généreusement par standard and poors.
Donc, vous comprendrez que jen reste aux arguments que vous me présentez directement, sans accepter un argument dautorité.
*** « ce système de subventions croisées est inhérent à la dynamique même de succès et d'échec des biens culturels »
+++ Subvention ? Vous osez parler de subventions ?
Cest une plaisanterie ? Si un artiste signe et quil ne vend rien, et bien je suis désolé, mais il ne touchera rien, même si à côté, il y en a un autre qui rapporte des milliards.
Subvention croisée, cest un concept mou ; cela nexiste pas !!! Est-ce que vous croyez que dans un conglomérat, si une activité a une rentabilité de 30% et une autre de 5%, on parlera de subvention croisée ? Est-ce que parce que dans votre portefeuille dactions vous avez un titre dont la valeur a doublé alors quun autre sest écroulé, on parlera de subvention croisée ?
Cest une plaisanterie, vos subventions croisées, un concept mou qui cache plus quil ne révèle.
La vérité, cest que des artistes qui marchent fournissent des moyens de financement au producteur/éditeur. Et celui peut choisir de développer dautres activités, cest-à-dire dautres artistes. Et quil peut se planter.
Mais encore une fois, lartiste qui ne vend pas, ne gagne pas ! Ne venez pas lui parler alors de subventions, il va vous rire au nez.
Les seules subventions dont on peut parler en matière daide à la création, ce sont celles des pouvoirs publics. Alors, épargnez vos pseudo-subventions des producteurs, c'est une fable !
*** « une campagne publicitaire ne fait pas un succès, mais amplifie l'échec ou le succès du bien concerné. »
+++ Encore une étude sujette à caution
Mais bon, si une campagne publicitaire suffisait à faire le succès dune oeuvre, cela se saurait (encore que, on doit bien trouver des exemples), mais effectivement, elle lamplifie. Quest-ce que cela change avec ce que je dis ? Cela provoque toujours une concentration sur quelques uvres.
*** « on prend autant de risque éditoral à publier Béroalde de Verville qu'un auteur contemporain peu connu. »
+++ Par contre, on ne prend pas le même risque financier.
Béroalde de Verville, il ne réclamera pas dà valoir, et sur chaque exemplaire vendu, il coûte zéro en droits dauteur.
*** « la rentabilité de ces entreprises serait à la hauteur de celle des succès, ce qui n'est évidemment pas le cas (le rendement du secteur de l'édition est inférieur au rendement moyen). »
+++ La belle affaire. Bien sûr que dans nos économies, il y a des secteurs et des activités plus rentables que dautres.
Mais vous vous méprenez en comparant ce secteur avec les autres pour tirer argument que certains ne profitent pas de la situation.
En fait, regardez la situation des artistes : musiciens, écrivains, comédiens La proportion de ceux qui gagnent leur vie avec ça est très faible.
Cest pour cela que jai parlé dexception culturelle : le secteur culturel est économiquement structurellement excédentaire : on offre plus quon ne demande, les prix sont bas. On est pas dans une pleine logique économique : exception !
Tenez-vous au courant de ce que gagne un auteur de livre. Sur le prix HT, il doit gagner en moyenne 7% : Que dalle ! Alors que léditeur gagne 15% ! (Le reste, cest pour limprimeur, la distribution, la commercialisation par le libraire).
Lauteur ne gagne quasiment rien par rapport au travail quil a fourni ; ce nest pas du tout rentable pour lui et pourtant on écrit toujours plus, on publie toujours plus. Par contre, même sil ne gagne pas des fortunes, léditeur est bien payé pour ce quil fait !
*** « Mon opinion personnelle est que la durée actuelle du droit d'auteur est très nettement excessive. »
+++ Comme quoi on est daccord. Mais qui le dit ? Qui dénonce la situation ? Alors que certains préparent le passage de 70 à 100 ans pour la durée de protection, comme cela s'est fait aux Etats-Unis ?
Donc, cest simple : si on parle du problème des droits dauteur, il faut tout mettre sur la table et ne pas se contenter de la répression pure préconisée par les rentiers.
mercredi, février 18 2009
23:51
Sur la propagande : vous jouez sur les mots, ce qui, justement, ne fait guère avancer les idées. Moi, je vois la même pub de lessive comme le signe que le producteur de lessive en question a l'argent pour se la payer, ce qui signifie qu'il a fait de bonnes marges sur son produit, et donc qu'il y a des chances qu'il soit meilleur que celui de la concurrence.
Concernant les inégalités de rémunération, je n'ai justement pas envie de parle d'équité ou d'inéquité, qui sont à mon avis des notions très dépendantes de celui qui les utilise. C'est bien pourquoi je fais de l'économie et suis plus sensible aux arguments d'efficacité. Vous pouvez avoir des convictions morales ou sur ce que devrait être la société, mais vous devez aussi admettre aue je peux ne pas les partager, voire qu'elles me soient indifférentes dans un débat.
De Vany est avant tout un scientifique, et c'est à ce titre qu'il a été invité à écrire un chapitre du Handbook, qui est l'ouvrage de référence en termes d'économie de la culture. Et en tant que scientifique, il a publié des chiffres dont on a toutes les raisons de penser qu'ils sont fiables, et ces chiffres sont cohérents avec l'analyse qu'il en fait. Donc oui, on peut à mon sens lui faire confiance, tant ici que sur l'impact des dépenses de promotion des films. Concernant l'analogie avec les marchés financiers, je crains que vous n'ayez oublié que comparaison n'était pas raison.
Dans le cadre de l'économie industrielle, une subvention croisée n'a rien d'un concept mou. Cela désigne toute situation où un groupe choisit sciemment de considérer les résultats agrégés de deux produits différents plutôt que de considérer indépendamment le résultat de chaque produit. Donc oui, il y a de nombreux cas de subventions croisées. La spécificité du secteur culturel est que l'ensemble des entreprises fonctionnent sur ce principe. Sur les artistes qui fournissent les moyens de production, je crois vraiment que vous vous faites des idées sur le fonctionnement du secteur. Je vous conseille de lire d'urgence le Économie de la culture de F. Benhamou. Vous mélangez en outre ce terme de subventions croisées, qui a la définition que j'ai donnée, avec les subventions publiques, qui sont d'une autre nature.
Concernant le risque financier de l'éditeur, vous vous contredisez vous-même : l'auteur qui ne vend pas ne reçoit rien. Le risque financier est donc le même pour l'éditeur de publier un texte dans le domaine public ou un auteur vivant. C'est même plus risqué : l'auteur dans le domaine public ne peut pas mettre la main à la pâte pour la promotion de l'ouvrage.
Sur « l'exception » du secteur culture, je vous conseille de lire ce billet.
Sur la fin, je pense que les mauvais arguments (ceux que vous avancez, en l'occurrence) font plus de mal que de bien aux causes que l'on défend. Je préfère très nettement ceux d'un Lawrence Lessig.
— Mathieu P.jeudi, février 19 2009
10:00
*** « Sur la propagande : vous jouez sur les mots, ce qui, justement, ne fait guère avancer les idées. »
— La vérité vraie+++ Je joue sur les mots ? Vous inversez les rôles !
Regardez létymologie de ces termes : communication, cest échanger ; propagande, cest propager une idée.
Expliquez-moi en quoi notre pub télé serait de la communication, un échange ?
Vous inversez totalement la réalité : Cest une ruse de la propagande (nom initial donné par Bernays) que davoir changé de nom en communication : cest bien plus propet que de faire croire quon échange alors quon bourre unilatéralement les crânes.
Tout cela ce nest pas qu'un jeu de mot, cest justement le recul des idées. Avoir accepté quon cache une réalité sous un mot, cest une défaite de la pensée.
*** Moi, je vois la même pub de lessive comme le signe que le producteur de lessive en question a l'argent pour se la payer, ce qui signifie qu'il a fait de bonnes marges sur son produit, et donc qu'il y a des chances qu'il soit meilleur que celui de la concurrence.
+++ Certes, je pourrais dire que cela relève de la naïveté. Mais il y a plus simple : vous nêtes plus cohérent sur vos positions.
Vous venez de dire quun producteur est plus riche (et donc peut se payer de la pub) parce que son produit est de meilleur qualité. Or, quand vous mavez parlé de lartiste, vous mavez expliqué que sa rémunération dépendait non de sa qualité mais de sa capacité à attirer le public.
Quand cest lartiste, cest sa capacité à attirer, quand cest le lessivier, cest la qualité de son produit (et parler de qualité de lessive, il y a de quoi sourire !).
Le commun des mortels vous dira le contraire : les artistes attirent par leurs qualités, et les lessiviers attirent par leur propagande (même si ce n'est pas non plus si simple).
*** « C'est bien pourquoi je fais de l'économie et suis plus sensible aux arguments d'efficacité. »
+++ Efficacité ?
Vous connaissez la blague du type qui cherche ses clefs sous un lampadaire ? Un passant lui demande sil les a perdu là, et lautre lui répond : « non, mais là, il y a de la lumière ».
Vous, votre efficacité, cest justement lefficacité des économistes. C'est-à-dire une minuscule partie de la réalité avec un éclairage très particulier.
Mais ce ne suffit pas à faire tenir une société debout, cette efficacité là.
Et si je poursuivais, je vous renverrais à lanalyse de la situation actuelle : la fameuse efficience des marchés financiers où est-elle maintenant ? Encore un mot manipulatoire destiné à obscurcir le raisonnement.
Moi, je vous le dis, il ne fait pas bon den rester à un discours strictement économique ces derniers temps.
*** « De Vany est avant tout un scientifique » « on peut à mon sens lui faire confiance »
+++ Cest ce que je vous ai dit : un universitaire. Et un consultant de multinational de la production. Au moins, De Vany a lhonnêteté de le dire.
Vous savez, la confiance, cest un sentiment très personnel.
*** « comparaison n'était pas raison »
+++ Et adage nest pas Vérité.
Mais bon, je vous laisse persister dans votre croyance de monde enchanté de la concurrence libre et parfaite où il ny aurait que des universitaires incorruptibles qui ne seraient pas sensibles aux intérêts des lobbies.
Tout comme, je le redis, Andersen ou Standard and poors nont sans doute jamais mélangé les genres jusquà fauter.
Confiance, défiance.
*** subvention croisée « Cela désigne toute situation où un groupe choisit sciemment de considérer les résultats agrégés de deux produits différents plutôt que de considérer indépendamment le résultat de chaque produit. »
+++ Alors, il me semble que le fait dutiliser ses bénéfices pour les investir dans une nouvelle activité, cela se nomme AUTOFINANCEMENT, et certainement pas subvention.
Quand les producteurs/éditeurs parlent de subventions, ils nous jouent les Robins de bois qui prendraient aux artistes riches pour donner aux artistes pauvres.
Or la réalité, cest simplement quils investissent dans une nouvelle activité par autofinancement et lartiste pauvre, cela ne le rendra pas plus riche sil ne vend pas.
*** « Vous mélangez en outre ce terme de subventions croisées, qui a la définition que j'ai donnée, avec les subventions publiques, qui sont d'une autre nature ».
+++ Je me contente de prendre la définition dun dictionnaire : subvention cela vient de subvenir, cest une aide financière. Une aide, cest sans contrepartie financière, ce nest pas pour en tirer des bénéfices. Or, vos producteurs/éditeurs, ils financent un artiste pour faire des bénéfices, pas gracieusement pour l'aider.
Encore une fois, le terme subvention cache plus quil ne révèle : il contribue à propager la fable de Robin des bois.
*** « Le risque financier est donc le même pour l'éditeur de publier un texte dans le domaine public ou un auteur vivant. »
+++ Cest plus rentable avec le domaine public puisquon ne paie pas lauteur. Sur laspect risque financier, je nai pas dit que lauteur ne reçoit tout à fait rien sil ne vend rien parce que dans le détail, il existe le système des à valoir. que j'avais rapidement cité.
*** Sur « l'exception » du secteur culture, je vous conseille de lire ce billet.
+++ Je vais lire. Menfin, cela commence mal en sen prenant à Emmanuel Todd et Jacques Sapir. En attendant renseignez vous sur Bernays.
jeudi, février 19 2009
10:55
Écoutez, je veux bien discuter, mais je refuse que cela tourne à l'invective. Chacun de vos points est tellement empreint de confusions que je ne sais plus par où commencer.
Le terme « propagande » a, en français, une connotation bien précise, qui renvoie au registre de la communication politique par des régimes plus ou moins dictatoriaux. On ne peut pas faire comme si ce sens n'existait pas, et encore moins comme si la volonté de substituer ce terme aux termes plus usuels ne recouvrait pas une volonté d'importer en même temps l'opprobre qui pèse sur la propagande politique. Alors plutôt que de se gargariser se formules du type « défaite de la pensée », je préfère réfléchir à ce qui fonde une distinction légitime entre la publicité et la propagande. Du point de vue de la liberté des gens qui y sont exposés, j'en vois une, et de taille.
Sur la publicité encore, vous mélangez deux de mes paragraphes. C'est précisément parce que des critères de qualité sont impossible à définir dans le domaine culturel qu'on se rabat sur la capacité d'un bien à attirer un public. Dans le cas d'un bien qui n'est pas un bien d'expérience, comme une lessive, on arrive sans difficulté à définir un certain nombre de critères objectifs de qualité. C'est là toute la différence entre les biens d'expérience (que sont au premier chef les biens culturels) et les autres biens.
Je ne prétends par ailleurs pas épuiser la réalité par le seul argument d'efficacité. Ce que je dis, c'est que c'est sur ce point et ce point seulement que je suis capable de tenir un discours appuyé sur des bases solides, soumises à une démarche scientifique. Je tente autant que faire se peut de préserver la différence existant entre ce qui procède d'une telle démarche et ce qui n'est qu'opinion. Ce que vous feriez aussi bien de faire, puisque vous avez manifestement une idée très fausse de ce que dit l'économie financière sur l'efficacité des marchés financiers (cela fait bien longtemps qu'elle en a souligné les limites, Mafeco devrait en proposer une synthèse très prochainement).
Pour les subventions, je suis au regret de vous apprendre que pour une langue comme le français qui a quatre cent ans d'âge, l'étymologie et le sens ont eu le temps de diverger. Si ce que vous chercher à dire est que l'éditeur n'est pas un philanthrope, je suis bien d'accord. Ce n'est pas son rôle. En revanche, le fait que les éditeurs refusent de considérer les résultats titre par titre constitue un point constant de friction avec les groupes industriels qui les détiennent, et qui ne sont pas habitués à ce genre de raisonnements.
Pour les à-valoir, F. Rouet (Le Livre, Mutations d'une industrie culturelle, La Documentation française, 2007) remarque qu'ils sont le privilège d'un très petit nombre d'auteurs. J'imagine que ce n'est pas de cela dont vous vouliez parler, ce qui vide quelque peu votre argument.
Si vous êtes d'accord avec Todd ou Sapir, je crois que le mieux que vous ayez à faire est de ne plus lire ce présent blog, car ils représentent à mes yeux ce qui se fait de pire dans la vie intellectuelle française : des gens qui parlent à tort et à travers de sujets qu'ils ne maîtrisent pas, et érigent leurs opinions personnelles en vérités générales. Il leur arrive certes d'avoir raison... comme une montre arrêtée donne la bonne heure deux fois par jour.
Au vu de l'ensemble de cet échange, je ne saurais trop vous conseiller de vous documenter sérieusement sur l'économie de la culture. Vous y découvririez un monde beaucoup moins simple que la caricature que vous en faites.
— Mathieu P.jeudi, février 19 2009
14:36
*** « je refuse que cela tourne à l'invective »
— La vérité vraie+++ Personnellement, je pense avoir toujours été parfaitement poli. Et si je men prends à quelque chose, ce nest quà vos arguments. Vous navez pas non plus épargné les miens vu le ton vif de vos premières réponses et celle qui ont suivies.
*** « Le terme « propagande » a, en français, une connotation bien précise, qui renvoie au registre de la communication politique par des régimes plus ou moins dictatoriaux. »
+++ Mais cest Bernays qui lutilise !!! Cest Edward Bernays même qui dit quil ny a aucune différence entre la propagande pour une entreprise, un produit ou un parti politique ! Cela, cest le cur même de ce que certains osent appeler « communication », on est en plein dans notre modernité : cest-à-dire quon vend de la lessive comme on vend un homme politique.
Et je suis au grand regret de vous apprendre que Bernays est américain et que la propagande (qui correspond parfaitement à ce que certains sacharnent à nommer communication) a été théorisée par lui en 1928 au sein même dune grande démocratie et non dune dictature (Staline et Hitler nétaient pas au faîte de leur pouvoir) !!! Ce qui intésse Bernays, ce que les Etats-Unis pas les régimes dictatoriaux de l'Allemagne ou l'URSS.
Je vous invite à lintrospection : comment se fait-il que vous en arriviez à utiliser le mot communication (en toute liberté !) pour parler dune pub de lessive. SVP, Expliquez-moi où est léchange ?
Prenez un peu de recul critique par rapport à ce quon vous a inculqué. Croire que tient de léchange (communication) ce qui tient du bourrage de crâne, cest cela que jappelle défaite de la pensée.
*** « ce que dit l'économie financière sur l'efficacité des marchés financiers (cela fait bien longtemps qu'elle en a souligné les limites, Mafeco devrait en proposer une synthèse très prochainement). »
+++ Que la théorie de lefficience des marchés soient réduites à néant dans les plus brefs délais, je nen doute point : certains ne vont pas attendre lhiver prochain pour retourner leur veste.
Cela fait à peu près depuis 70 ans quon sait que ce sont des fadaises (depuis un certain concours de beauté ), quune petite part des économistes crient au risque systémique et que résultat, on y est en plein dedans (Cest André Orléan qui dit que les marchés financiers fonctionnent à lenvers : quand les prix montent la demande monte).
Si on y est en plein dedans, cest parce que certains ont utilisé une expression tels quefficience des marchés financiers ,qui est une expression qui a de très bon effet de propagande (de communication, comme vous diriez).
*** « Pour les subventions, je suis au regret de vous apprendre que pour une langue comme le français qui a quatre cent ans d'âge, l'étymologie et le sens ont eu le temps de diverger. »
+++ Je suis déçue dapprendre que le français na que quatre cent ans. Mais je me base sur le Larousse ou le Robert bien actuels et même sur le lexique déconomie chez Dalloz version 2008. Cette manière de parler au sein dune même entreprise de subvention croisée est aberrante. Il ne sagit pas dune aide sans contrepartie financière mais simplement dun autofinancement dégagé par une activité et qui permet de financer un investissement.
Subvention croisée, cest la fable de Robin des bois.
*** « Pour les à-valoir »
+++ Je suis plutôt daccord. Le modèle économique de lédition évolue et les à-valoir régressent tout comme les tirages. Il nempêche que si vous vendez deux livres du même nombre de pages à 15 euros chacun, celui qui est dans le domaine public coûtera moins et vous fera gagner plus puisquil ny a pas de droits dauteur. Donc, le risque financier est moindre (sauf si on vend zéro).
*** « Si vous êtes d'accord avec Todd ou Sapir, je crois que le mieux que vous ayez à faire est de ne plus lire ce présent blog »
+++ Peut-être devriez-vous préciser dentrer de jeu que vous souhaitez que seuls des économistes bien formatés vous lisent et seulement ceux daccord avec vous (parce que tous ne vont pas dans votre sens : Sapir, voire même Frédéric Lordon dans « Jusquà quand » qui dit que « lEurope est une zone dactivité financière autosuffisante ».).
Prenons un bon exemple : vous prétendez traitez dans un autre article dexception culturelle et protectionnisme (le protectionnisme nétant pas lautarcie). Pas un seul, je dis bien pas un seul, instant, vous névoquez les Etats-Unis.
Savez-vous que lexception culturelle, cest pour favoriser une création nationale parce que ce que raconte un états-uniens, cela ne parle pas forcément tout ce qui se passe chez moi ? Vous connaissez la notion dimpérialisme culturel (Au fait, rappelez-moi la part du cinéma américain en Europe) ? Ah, non ! vous ne parlez que de marché !
Je crains quà ne faire que de léconomie, il vous manque une dimension de la réalité.
jeudi, février 19 2009
14:55
Qui que ce soit qui utilise aujourd'hui les mots « publicité », « communication » et « propagande » comme synomynes a à mon sens un problème de maîtrise soit le la langue française, soit des concepts. Par exemple, « communication » de présuppose en rien « échange ». Quand je communique un relevé de notes à un étudiant, je n'attends pas de message de retour.
Sur les marchés financiers, nous ne parlons manifestement pas des mêmes personnes. Cela fait belle lurette que la conseption keynésienne du concours de beauté a été dépassée, et qu'on comprend mieux les ressorts des marchés financiers actuels qu'à l'aide d'une simple analogie. Là où vous faites erreur, c'est de croire que l'idée que les marchés financiers peuvent petre inefficaces est l'apanage d'une minorité d'économistes. Cela fait un bon bout de temps que c'est connaissance commune, ce dont cette minorité, s'étant coupée du reste de la recherche, ne s'est pas rendue compte.
Jusqu'au début du seizième siècle, on ne parle pas français, mais ancien français, qui est une langue à cas. Ce n'est qu'au cours de seizième qu'on parvient au français considéré comme moderne, donc il y a quatre à cinq cent ans. Que vous n'aimiez pas l'utilisation du terme de subvention, libre à vous. Mais l'usage de la langue est ce qu'il est, et le sens de « subvention » comme « subvention publique » ne domine pas les autres usages attestés.
Pour les à-valoir, vous faites une erreur de calcul : soit vous comptez les droits d'auteur comme un coût, et alors éditer un auteur du domaine public coût moins cher, soit vous ne les comptez pas comme un coût et vous les soustrayez des bénéfices. C'est l'un ou l'autre. Et dans un cas comme dans un autre, le fait que l'éditeur fasse une marge plus importante est complètement indépendante du risque éditorial, qui correspond à la propabilité de se retrouver avec un stock d'invendus sur les bras (ce qui est le cas de trois quart des titres publiés, rappelons-le).
Vous savez quoi ? Je n'ai aucun souhait quant aux personnes qui lisent mon blog, et réciproquement, je ne fais aucun effort particulier pour plaire à qui que ce soit. Je crois que cela est clair dans ces différents commentaires. Et oui, la théorie du complot (que le Grand Méchant soit les États-Unis, les maisons d'édition ou autre) m'a toujours fait l'effet d'un dramatique défaut de réflexion.
— Mathieu P.jeudi, février 19 2009
20:02
*** « Qui que ce soit qui utilise aujourd'hui les mots « publicité », « communication » et « propagande » comme synomynes a à mon sens un problème de maîtrise soit le la langue française »
— La vérité vraie+++ On est daccord : la publicité, cela ne devrait pas être considéré comme de la communication, et pourtant cest ce qui est dit à longueur de livre de marketing !!!
*** « Par exemple, « communication » de présuppose en rien « échange ». Quand je communique un relevé de notes à un étudiant, je n'attends pas de message de retour. »
+++ Je crois deviner pourquoi ils sabstiennent.
Mais il est vrai que la communication nest pas tout à fait un échange, comme je lai écrit, mais plutôt un transfert dinformations.
Vous nêtes pas sans ignorer quon est plus au bon vieux temps de la publicité informative, même plus à la publicité persuasive mais dans des modes plutôt suggestifs.
Difficile de soutenir quon fait alors de la communication. Cest de la propagation didée, de la propagande comme disait Bernays en en parlant.
Et notez que je nattribue à la propagande un caractère péjoratif. Quand Sarkozy ou Mitterrand (cela ne dépend pas de la couleur politique) font un discours à la télévision, ils font de la propagande, pas de la communication : ils ne se contentent pas de transférer de linformation mais ils cherchent à convaincre. Toute la communication humaine ne se consiste pas à persuader autrui : mais cest bien le propre de la propagande.
La propagande nest pas le propre des dictatures, et le cas Bernays historiquement le prouve : après, on choisit dêtre dupe ou pas.
*** « croire que l'idée que les marchés financiers peuvent petre inefficaces est l'apanage d'une minorité d'économistes. Cela fait un bon bout de temps que c'est connaissance commune »
+++ Je suis fasciné ; sincèrement japprends quelque chose. Que cette théorie ait été critiquée, je le savais. Que cela fasse lobjet dun vaste consensus chez les économistes, les bras men tombent.
30ans de dérégulation financière à tout va, sans écouter ces Cassandres du 21e siècle.
*** Ce n'est qu'au cours de seizième qu'on parvient au français considéré comme moderne
+++ Je contacte le Guinness des inventions pour que dans la prochaine édition, on ait : Langue française inventée au 16e siècle. Tant pis pour lancien français.
*** Et oui, la théorie du complot (que le Grand Méchant soit les États-Unis, les maisons d'édition ou autre) m'a toujours fait l'effet d'un dramatique défaut de réflexion.
+++ Pour quil y ait complot, il faudrait quil y ait secret. Je ne vois pas trop où est le secret dans le fait que le cinéma américain a envahi les écrans européens, au point de laminer cette industrie dans certains pays (sauf ceux qui défendent lidée dune exception culturelle).
Le premier producteur mondial, et de loin, cest lInde ; le premier exportateur, et de loin, cest les USA. Le jour où lInde sera la première puissance économique et militaire, on rediscutera de limpérialisme culturel indien. En attendant, on peut causer de celui des USA (que vous ne citez pas une fois dans votre article sur lexception culturelle !!! très bizarre).
Votre évocation dun complot est cependant amusante. Je vais vous en rapporter un qui circule. Certains prétendent quen 2002 le gouvernement US aurait sciemment menti sur lexistence darmes de destruction massive en Irak et sur les liens de ce pays avec Al-Qaïda afin de mieux lenvahir et loccuper.
Ridicule ! Jusquoù vont certains pour nous faire croire à un complot impérialiste américain !!! Même Luc Besson na pas assez dimagination pour inventer pareille histoire.
vendredi, février 20 2009
09:31
Dans ma stupeur, jai oublié une partie de votre réponse qui me paraissait mystérieuse. Heureusement la nuit porte conseille.
— La vérité vraie*** « Pour les à-valoir, vous faites une erreur de calcul »
+++ Je ne vous suis pas du tout. Pourtant je suis initié aux arcanes du calcul de coût.
*** « soit vous comptez les droits d'auteur comme un coût, et alors éditer un auteur du domaine public coût moins cher »
+++ Il me semble que cest ce que jai écrit.
*** « soit vous ne les comptez pas comme un coût et vous les soustrayez des bénéfices. »
+++ Cest étrange : ce que j'ôte dun bénéfice, cest en général ce que jappelle un coût.
*** « C'est l'un ou l'autre. »
+++ En loccurrence, cest votre autre qui cloche (votre autre proposition, la numéro 2)
*** « le fait que l'éditeur fasse une marge plus importante est complètement indépendante du risque éditorial, qui correspond à la propabilité de se retrouver avec un stock d'invendus sur les bras »
+++ Personnellement, je ne vous ai parlé que de risque financier et pas éditorial.
Etant initié aux arcanes des probabilités, le risque financier peut correspondre à lespérance mathématique du gain : Sigma (bénéfice sur tirage * probabilité de vendre le tirage correspondant) (cette probabilité étant je suppose le risque éditorial).
Or, comme le bénéfice sur tirage dun ouvrage sans droits dauteur à verser est plus élevé, puisque le coût est moindre (à prix égal par rapport à celui avec droits dauteur, revoir mon exemple avant), on peut raisonnablement penser que lespérance mathématique du gain est plus élevé donc donc donc, que le risque financier est moindre.
Cela dit, comme votre risque éditorial nest pas probabilisable, on ne va pas pouvoir vérifier dans les faits.
Mais ma solution paraît plus crédible.
vendredi, février 20 2009
10:18
Sur le cas américains, là où nous divergeons fondamentalement est que vous attribuez la domination du cinéma américain à un facteur d'offre, alors que c'est selon moi un facteur de demande. Si les gens vont voir ces films américains, c'est tout simplement qu'ils ont envie de les voir, et je ne m'érige pas en juge de ce qu'autrui devrait apprécier ou ne pas apprécier. Je pense d'ailleurs ne pas être très loin du compte quand je parle de théorie du complot, puisque c'est vous qui parlez « d'envahissement » des écrans européens, comme s'il était logique et naturel que les européens préfèrent voir des films européens. Votre argument sur les armes de destruction massive est un non sequitur, sans rapport avec la discussion.
Concernant le calcul, c'est vous qui comptiez deux fois les droits d'auteur, une fois dans les coûts plus élevés, une fois dans les bénéfices moindres. Par ailleurs, je crois que nous n'avons pas la même définition du risque financier, ce qui m'inquiète un peu. Dans l'ensemble de la finance, la mesure du risque n'est pas l'espérance mathématique, mais la variance de la série considérée, et c'est cette mesure dont je parle quand je parle de risque. Toutefois, l'argument reste valable même pour l'espérance, puisque De Vany (eh oui) remarque que les distribution des succès des films semblent suivre des lois statistiques qui n'admettent pas nécessairement d'espérance finie, ce qui vide de sens les outils usuels de gestion des risques. C'est pour cela que je dis que toute entreprise éditoriale est intrinsèquement très risquée, et que la présence de droits d'auteur ne change rien à l'affaire. Cette proposition ne sort pas de nulle part, puisqu'elle s'appuie sur l'analyse de plusieurs dizaines d'années de statistiques sur le cinéma, donc elle constitue certes une généralisation, mais à partir d'une secteur très proche.
— Mathieu P.vendredi, février 20 2009
13:38
*** « Concernant le calcul, c'est vous qui comptiez deux fois les droits d'auteur, une fois dans les coûts plus élevés, une fois dans les bénéfices moindres. »
— La vérité vraie+++ Les bras men tombent.
Bon, reprenons mon exemple ; on va dire : Bénéfice = CA coûts ou Bénéfice unitaire = prix de vente coût unitaire.
Vu que dans mon exemple le prix de vente est fixé, on peut faire varier le reste.
Donc, si le coût est plus élevé (à cause des droits dauteur, qui est un coût variable), alors le bénéfice est moindre.
Donc, quand vous dites que coût plus élevé et bénéfice moindre cest différent, cest comme dire quun verre à moitié plein ou verre à moitié vide, cest différent. Cela ne veut rien dire mais la phrase est jolie.
*** « Dans l'ensemble de la finance, la mesure du risque n'est pas l'espérance mathématique, mais la variance de la série considérée, et c'est cette mesure dont je parle quand je parle de risque. »
+++ Cest vrai, vous avez raison, cest plutôt la variance. Mais cela ne change rien.
*** « les distribution des succès des films semblent suivre des lois statistiques »
+++ Subrepticement, on vient de passer des livres aux films.
*** n'admettent pas nécessairement d'espérance finie
+++ Il me semble que javais dit : « votre risque éditorial nest pas probabilisable. »
*** C'est pour cela que je dis que toute entreprise éditoriale est intrinsèquement très risquée, et que la présence de droits d'auteur ne change rien à l'affaire.
+++ Et vous diriez cela aussi si les droits dauteur étaient à 90% du prix du livre vendu ?
*** « Je pense d'ailleurs ne pas être très loin du compte quand je parle de théorie du complot »
+++ Au secret près, que je cherche encore. Cest quand même embêtant de parler de complot sans secret.
*** « c'est vous qui parlez « d'envahissement » des écrans européens »
+++ Il nest pas secret donc il ny a pas de complot. Tout comme lorsque les forces US ont envahi lIrak, cétait diffusé en direct sur les chaînes dinformations.
*** « Votre argument sur les armes de destruction massive »
+++ Cest vous qui ne sembler pas croire à la possibilité de complots américains (que vous faites précédez inévitablement par « théorie du »). Je vous en apporte un dévoilé sur un plateau : un mensonge concerté pour convaincre de la nécessité de la guerre (une majorité a été dupe pendant que le gouvernement US savait en secret que ce nétait que balivernes).
*** « Sur le cas américains, là où nous divergeons fondamentalement »
+++ Pourtant, il y a un lien entre la puissance économique et militaire (impérialisme) dun pays, et son impérialisme culturelle.
Je vous ai parlé de lInde : mauvais exemple. Dans 50 ans, on reparlera ensemble de lEmpire du milieu et on verra qui a raison.
*** « ils ont envie de les voir »
+++ Absolument ! cest tout à fait juste. Le public va voir des films américains parce quil en a envie.
Mais après, il faut poursuivre. Doù vient cette envie. De quoi dépend mon désir ?
Là, il y a ceux comme vous, qui pense que le désir, cest quelque chose de propre à lindividu considéré comme un bloc de marbre imperméable, impénétrable.
Et il y a ceux comme moi, ou comme Réné Girard et dautres, qui sont convaincus que le désir est essentiellement mimétique, quil dépend des autres.
Il me semble ailleurs que les personnes qui soccupent de marketing et de propagande, on fait leur choix et ce nest pas celui de lindividualisme méthodologique.
*** « vous attribuez la domination du cinéma américain à un facteur d'offre, alors que c'est selon moi un facteur de demande. »
+++ Non aux deux. Mais la demande, elle peut être manipulée par la propagande (on en revient là), et là, on ne se gène pas pour le faire.
Moi, si je vois une pub pour un film, je ne considère pas ça comme de linformation neutre mais comme de la propagande (oui, oui, cest Bernays qui la dit) destinée à minciter à aller voir le film en question. Personne na pas le couteau sous la gorge et pourtant cela marche sinon on nutiliserait pas ce moyen. Et cest un poker menteur, puisque pour voir si cela mintéresse, il faut que je paie avant, sans être sûr queffectivement cela me plaît.
Parce que vous dites, cela fait envie au gens donc ils vont voir. Mais la question, cest que cela leur plaise, et là, il y a un véritable fossé.
Le problème, cest que le producteur, il est payé au nombre dentrées. Et ce nombre dentrées, il ne dépend pas vraiment si les gens aiment ce quil voit mais si on les a bien aguichés. Je me souviens dêtre aller voir les Bronzés 3, et mêtre fait bien pigeonner à cette occasion, comme quelques millions de personnes.
Donc, je propose un système : les recettes de film tombent dans un pot commun. Les spectateurs notent le film. On obtient une moyenne sur les films de lannée. Ceux qui sont au-dessus de la moyenne touchent leur recette plus un bonus proportionnel à lécart à la moyenne générale. Ceux au-dessous touchent leur recette moins un malus.
Cest un système bien plus juste que le système actuel. Il pousse à la qualité, à la satisfaction du spectateur ; cela ne vise pas la seule quantité de spectateurs et autres pigeons.
vendredi, février 20 2009
13:45
Je regrette, dans mon emportement, d'avoir cité les Bronzés 3, alors qu'il eut été naturel que je cite le Cinquième élément de Luc Besson, pour laquelle ma déception fut à la mesure de mon attente.
— La vérité vraiemercredi, mars 4 2009
21:28
La version anglaise du rapport néerlandais sur les effets économiques et culturels des pratiques de partage de fichiers numériques culturels dont je parlais le 17 février dernier est en ligne (par exemple, à cette adresse : www.seo.nl/binaries/publi... ). Je n'en ai lu que le résumé et l'introduction, qui, bien qu'envoyant des signaux assez positifs, sont encore trop vagues pour se faire une idée de la qualité du rapport. Je trouverai peut-être le temps de le lire en entier... À noter que le téléchargement descendant de tels fichiers par un internaute, sans consentement des titulaires de droits et sans mise à disposition (téléchargement ascendant) de ses fichiers, n'est pas illégal aux Pays-Bas. En France, d'après le rapport de Jean Cédras d'avril 2007 pour le ministre de la Culture et de la Communication (www.odebi.org/docs/Rappor... ), pour un tel téléchargement, "selon l'opinion dominante, c'est une contrefaçon par reproduction", donc ce n'est pas légal.
— Moggio