Rien n'y manque en effet. Le numérique, censément un sujet majeur, est rejeté dès l'introduction dans l'insignifiance par l'accumulation des pourcentages à un chiffre. Suit naturellement une invocation des vertus magiques du prix unique du livre, au rebours de la recherche sur ce sujet. Le reste de la tribune ne relève que de la recherche de rente : taxer les lecteurs, mettre au pas les auteurs avant que le numérique ne leur donne des ailes, et créer de nouvelles poches de consommateurs captifs (élèves des écoles, collèges et lycées, ainsi que les étudiants), là même où le numérique pourrait précisément réduire les inégalités d'accès au livre. Cerise sur la gâteau, le droit d'auteur érigé en valeur suprême, surtout quand ce droit est exercé par les éditeurs plutôt que par les auteurs eux-mêmes.

La promotion de la lecture annoncée dans le titre ? Nulle part, si ce n'est de manière anecdotiques dans le dernier paragraphe. Le domaine public, les usages pédagogiques, les bibliothèques ? Mentionnés comme autant de menaces, non pas à la lecture, mais à la lecture payante.

Quand je lis des choses comme cela, je ne regrette vraiment pas d'avoir changé de domaine.

Ce que l'article ne dit pas, c'est que le Ministère de la Culture réfléchit par ailleurs à une taxe spécifique sur les commandes de livre. Gageons qu'elle sera vite baptisée Taxe Amazon. Il ne faut pas être grand clerc en incidence fiscale pour deviner dans les poches de qui va arriver le produit de cette taxe.