Ces derniers représentent, en effet, 0,8 % des salariés affiliés au régime général, 3,4 % des effectifs indemnisés et 5,9 % des dé­penses du RAC.

Il s'agit en substance d'une charge puissante contre le régime des intermittents du spectacle. Plutôt que de parler des abus, des questions de périmètre des professions concernées ou du types d'entreprises ayant recours à ce régime, Bruno Coquet met en avant les grandes masses budgétaires et les profils d'activité et de revenu des bénéficiaires.

En complément d'une masse salariale de l’ordre de 1,8 milliard d'euros distribuée par les firmes, les dépenses d'indemnisation pèsent aujourd'hui plus de 1,3 milliard d'euros par an, soit 40 % du revenu des IS. Ces caractéristiques du marché du travail des industries du spectacle engendrent un déficit annuel du RIS de plus de 1,2 milliard d'euros qui élève de 0, 25 % le coût du travail dans les secteurs marchands. Ce transfert est devenu un problème structurel pour le RAC, qui sans cela ne serait pas endetté, mais aurait disposé d’une trésorerie positive dépassant 10 milliards d'euros fin 2008, à l'entrée dans la crise

En lui-même, le constat n'est pas nouveau : il était déjà présent dans Les Dérèglements de l'exception culturelle de Françoise Benhamou. Les éléments cités indiquent cependant que la situation empiré au cours des dernières années, au point que le déficit du régime des intermittents (que paie le régime général de l'assurance-chômage) représente le double des subventions au spectacle vivant du Ministère de la culture. L'auteur argumente également que l'enjeu n'est pas l'ampleur des abus ou le périmètre mais le fonctionnement du système lui-même, qui permet aux entreprises du secteur une flexibilité extrême et des niveaux de rémunération (salaires plus allocations chômages, ces dernières représentant souvent plus de la moitié des revenus perçus) garantissant l'attractivité des métiers concernés et donc la possibilité de trouver à tout moment les personnels nécessaires à un projet. Si l'auteur reconnaît les mérites des industries culturelles, il prescrit toutefois le démantèlement de ce régime, qui organise le spectacle vivant autour de lui plutôt que d'être organisé autour d'eux, au profit d'un système de subventions à la production.

À la lecture de l'article, peut-être trop rapide, je m'interroge toutefois sur la distribution des gains. On sait que la distribution des revenus (bruts) est très inégale. Il ne me semble pas que l'article montre à quel point le système lisse ou amplifie les inégalités de revenus bruts. Si on est dans le second cas, il y a semble-t-il de la marge de manœuvre pour augmenter le taux de cotisation, avec éventuellement un taux progressif, même si cela ne suffira certainement pas à combler le déficit du régime.

En tout état de cause, on peut s'attendre à entendre à nouveau parler des intermittents dans les semaines qui viennent.