Alors que je pensais ne me mettre au livre numérique qu'avec une liseuse (que je n'ai toujours pas achetée, je balance entre le Cybook Orizon et le Sony Reader Touch Edition), l'achat d'un nouveau téléphone portable (un Motorola Milestone - non, ceci n'est pas du placement de produit) m'a mis au livre numérique.

J'en suis aujourd'hui à trois livres lus intégralement (Moby Dick, Salammbô et Heart of Darkness). Le simple fait d'avoir lu ces trois ouvrages dans des conditions de confort que j'estime fort raisonnables me surprend moi-même. Il semblerait toutefois que j'ai eu la main heureuse en choisissant le logiciel de lecture (Aldiko) qui dispose de pratiquement toutes les fonctions permettant une lecture aisée dans des conditions d'éclairage très variables (voir ce billet sur ''La Feuille''). Cela me surprend d'autant plus que je n'avais pas choisi la facilité en termes de textes.

Ce qui m'amène à deux remarques. D'une part, si le marché du livre numérique semble s'intéresser aujourd'hui beaucoup aux liseuses et tablettes, les téléphones portables pourraient constituer un marché conséquent, leur nature même s'accommodant bien de la lecture en miettes qui l'on fait dans les transports, aux toilettes, dans une queue de magasin, etc., tout cela sur un appareil qu'on a toujours sur soi, et sans temps de latence, contrairement à la consultation du web, fût-ce en 3G. D'autre part, si le marché du livre numérique sur téléphone décolle, cela signifie une large entaille dans les modèles fondés sur l'association forte d'un matériel et d'une plate-forme, du type Amazon ou Apple, et donc poussera vers l'interopérabilité.

Les plus observateurs auront certainement remarqué que les trois livres cités sont du domaine public. J'ai peut-être des goûts particuliers mais pourquoi prendre la peine d'aller acheter, cher, un roman récent quand la montagne de textes majeurs du domaine public est disponible ? Je me demande dans quelle mesure cette expérience est généralisable à l'idée que le domaine public va représenter pour les éditeurs une concurrence autrement plus importante que celle liée aux rivalités de plates-formes ou à la copie non autorisée de textes sous protection.