Ce billet part d'une longue série de discussions avec des économistes ou des scientifiques déplorant la réduction, en France au moins, de la culture aux humanités classiques : beaux-arts, littérature, histoire, géographie et disciplines connexes. Pour être cultivé (être un intellectuel, si vous préférez), il faut ainsi avoir lu L'Éducation sentimentale (je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de l'avoir compris, d'ailleurs) mais on peut ignorer que l'énergie cinétique est proportionnelle au carré de la vitesse (en d'autres termes que si vous allez deux fois plus vite, votre distance de freinage est multipliée par à peu près quatre). De même, vous pouvez ignorer royalement que les délocalisation on un impact mineur sur le taux de chômage en France.

J'ai choisi ces exemples à dessein pour montrer que la culture scientifique comme la culture économique paraissent indispensables à la compréhension du monde et de la société qui nous entourent (un porte ouverte je, l'admets). Rajoutons-en une couche : parmi ceux qui s'inquiètent des risques pour la santé des antennes-relais des téléphones portables, combien sont conscients que les ondes émises par ces antennes sont celles utilisées depuis des décennies pour la radio et la télévision ?

De la Renaissance au XVIIIe siècle pourtant, la connaissance des sciences et de la chose politique faisait partie intégrante de la culture cultivée et n'avait pas, me semble-t-il, cette image d'un savoir utilitaire et de ce fait vaguement dégradant. Je me demandais donc si l'exclusion de ces dimensions dans la définition de culture des élites avait un lien avec la construction de la figure de l'intellectuel et à quel moment elle s'était produite. Vos suggestions sont les bienvenues.