En lisant cet article (pltôt intéressant) ou celui-ci (nettement plus mauvais), je ne peux que constater que la censure de la loi n'a pas été une occasion de faire avancer le débat. Les majors continuent à jouer le rôle de grand méchants, aucune confiance n'est accordée aux choix du public, et l'avenir est représenté sous la forme réductrice d'une alternative entre la perpétuation du mode d'organisation actuel des industries culturelles ou leur disparition.

Parmi les thèmes récurrents, je pense qu'on peut dégager deux lignes de force. La première est que l'idée qu'il faudrait taxer les FAI (donc in fine les abonnés, ne rêvons pas) pour financer la culture. C'est là étendre le système de subvention actuel avec tous les travers dénoncés par F. Banhamou dans Les Dérèglements de l'exception culturelle. La deuxième, c'est le constat du déplacement du pouvoir de marché en direction de ceux qui contrôlent les plates-formes (Orange, Apple, Google), avec l'idée que ces méchantes entreprises seraient nécessairement des éléphants dans le magasin de porcelaine de la culture. Voire. Google n'a-t-elle pas justement le type de compétences dont a besoin un secteur qui a tant de mal à surmonter ses problèmes d'information, à apparier un public à la recherche de contenus avec des personnes proposant ce contenu ? J'ai l'impression que les commentateurs qui s'effraient de ce changement pensent sincèrement que les entreprises de ce type seraient collectivement capables de scier la branche sur laquelle elles sont assises en ne finançant pas la création et en n'adoptant pas, pour des raisons obscures, la politique de diversification maximale des risques qui a été, depuis des décennies, la seule permettant de survivre dans le secteur des produits culturels.

Au milieu de tout cela, un grand pas serait fait si on daignait enfin, en France, ne plus mélanger le problème du financement de la création (inquiétude à mon sens légitime) de celle concernant la diversité (cache-sexe pour dire que ce que le grand public consomme n'est pas ce que certains l'aimeraient voir consommer). Ces articles prouvent, malheureusement, qu'on n'y est pas encore.