Histoire de la pensée économique de la culture
En ce moment, je suis quasiment en permanence le nez dans des calculs qui n'aboutissent pas ou médiocrement. Du coup, j'ai parfois le besoin de revenir aux plaisirs simples du fichage.
Cela donne ce genre de choses. Commentaires bienvenus, là-bas s'ils permettent d'améliorer l'article, ici sinon.
Publié le jeudi, mars 19 2009, par Mathieu P. dans la catégorie : Économie de la culture - Lien permanent
Commentaires
jeudi, mars 19 2009
22:51
Les sections 7 et 8 font doublon, attention !
— Fr.lundi, mars 23 2009
22:01
Merci pour cet article sur Wikipédia.
— MoggioJuste deux remarques, une de forme, une de fond.
Sur la forme, une bonne relecture pourrait être fructueuse, à quelques endroits du texte.
Sur le fond, j'ai été un peu gêné par ce bout de phrase dans la dernière section : "Si d'après Baumol et Bowen, les arts vivants n'ont aucun d'avenir hors de structures lourdement subventionnées (c'est une conséquence de la "Loi de Baumol") [...]". En supposant que vous avez en tête ici des "structures lourdement subventionnées" sur fonds publics, je doute que Baumol et Bowen aient écrit précisément cela dans leur ouvrage de 1966 ou ultérieurement, notamment en termes de "conséquence de la "Loi de Baumol""... Même si les deux auteurs sont, c'est vrai, un peu obscurs dans leur ouvrage de 1966 sur le lien entre maladie des coûts de l'industrie du spectacle vivant et motif économique à l'intervention publique, Baumol est très clair sur l'absence de lien dans, par exemple, son petit article dans le "Palgrave" de 1987. Il y explique explicitement que la maladie des coûts dans l'industrie du spectacle vivant ne fournit aucun motif économique au soutien public (qui n'est, comme vous le savez, aucunement spécifique à cette industrie ; voir les secteurs a priori non subventionnés de la coiffure, de la restauration, de la réparation de voitures, etc.). Ce que dit Baumol dans son article, c'est que, si l'on décide pour un "autre" motif ou un vrai motif économique (ou un motif non économique) de soutenir sur fonds publics l'industrie du spectacle vivant, alors connaître l'existence de cette maladie et de ses effets aidera le décideur public (supposé "efficace") dans ses choix présents et futurs. Bon, comme l'a bien dit un auteur français du XVIIIe siècle, "La critique est aisée et l'art est difficile" : je pourrais en effet modifier moi-même l'article en ligne... ;-)
Au sujet de la maladie des coûts, j'aime bien cet article de présentation simple de James Surowiecki : www.newyorker.com/archive... .
mardi, mars 24 2009
11:03
Concernant la phrase de Baumol et Bowen, j'ai l'impression que vous sur-interprétez un peu. Est-ce abusif à votre avis de dire (ce qu'il me semble avoir fait) que d'après Baumol et Bowen, si les arts vivants ont un avenir, c'est au sein de structures subventionnées, indépendamment de la position tenue quant au bien-fondé de l'existence de telles structures. Je vais peut-être introduire une note pour préciser ce fait.
— Mathieu P.mardi, mars 24 2009
19:27
Je sur-interprète peut-être en effet, désolé...
— MoggioBien entendu, "si les arts vivants ont un avenir", c'est en cherchant à réduire sur le temps l'écart croissant entre recettes et coûts de production (mis en évidence par Baumol et Bowen) en cherchant à "jouer" sur différents leviers, comme ces arts le font (mais aussi d'autres secteurs) sans avoir attendu la fameuse publication des deux économistes américains : par une tarification "intelligente" sur la billetterie (discrimination tarifaire), en cherchant à profiter malgré tout du progrès technique pour des recettes accrues et/ou des coûts réduits, en cherchant à dégager d'autres sources de recettes annexes (produits dérivés, services de restauration, etc.), en ajustant le vecteur des quantités des différents facteurs de production (nombre de répétitions, d'interprètes, décors, costumes, accessoires, choix des oeuvres interprétées, taille du plateau, etc.), en "ajustant" l'évolution temporelle du prix du facteur travail (les salaires réels moyens dans le spectacle vivant auraient empiriquement évolué moins vite qu'ailleurs), en "bénéficiant" a priori des effets produits par la croissance économique de long terme (niveaux de vie, temps de loisir et niveaux d'éducation accrus, ce qui a pu jouer positivement sur la demande globale de spectacles vivants sur longue période), en cherchant à tirer profit si possible d'économies d'échelle (longueur accrue de l'affiche ou de la saison, augmentation de la taille des chapiteaux, tourner plus fréquemment, proposer des concerts estivaux, etc.), et en bénéficiant d'aides pécuniaires privées et/ou publiques.
Ce dernier levier correspond à vos "structures subventionnées" qui pourraient l'être sur fonds publics ou parapublics (en France, État, Régions, départements et communes + aides de l'ASTP pour le théâtre privé, aides au spectacle vivant du CNV, de la SACD, du CND, de l'Adami, du FCM, de la Sacem, de la SCPP, etc.) et/ou sur fonds privés (mécénat et parrainage culturels provenant d'entreprises, de particuliers, de fondations, de fonds de dotation). Côté soutien public, un autre type d'aide peut être en France l'existence d'un régime d'indemnisation chômage spécifique pour les "intermittents du spectacle" qui est assez souvent considéré comme une subvention publique indirecte bénéficiant à la fois aux salariés, aux employeurs et aux collectivités publiques, si j'ai bien compris le sociologue Pierre-Michel Menger.
Pour revenir à la question de l'avenir des arts vivants, le fait d'être subventionné sur fonds privés et/ou publics est peut-être le levier principal pour ces arts, face à ce qu'ont mis en évidence Baumol et Bowen, et au regard des autres leviers existants. Et la réponse diffère peut-être aussi d'un pays à l'autre ; ainsi, d'après le chapitre 15 du Handbook of the Economics of Art and Culture, Volume 1 de V. Ginsburgh et D. Throsby, aux États-Unis en 1997, pour le théâtre, la musique et la danse, la première source de financement a été les "earned revenues", la deuxième a été les dons privés, les sources publiques arrivant en troisième position. Je n'ai malheureusement pas connaissance de statistiques équivalentes sur la répartition des différentes sources de financement pour les entreprises françaises de spectacle vivant.
Encore merci pour cet article historique.
mardi, mars 31 2009
23:21
Après correction de deux toutes petites coquilles (Grêce et Handbook of the Economics or Art and Culture), merci pour cet article.
— ShikibuIl ne reste plus qu'à faire une "Histoire de la pensée des artistes sur l'économie de la culture". Je pense, notamment, à certaines lettres de Mozart très éclairantes et à la fameuse réplique de Maria Callas à une critique sur ses cachets supérieurs aux émoluments du président de la république : "il n'a qu'à chanter Lucia de Lamermoor !"
mercredi, avril 1 2009
10:42
Je pense que cette histoire serait assez colorée. Dans le chapitre 21 du Handbook, on trouve l'extrait suivant de Coser, Kadushin and Powell (1982, pp. 224225) :
— Mathieu P. .