Payola
Comme pour l'économie des musées, j'ai commencé par avoir envie de faire un billet sur le phénomène de la payola. Et puis je me suis dit que tant qu'à faire, ces informations seraient plus à leur place ailleurs.
Vos commentaires sont naturellement les bienvenus. J'ai dans mes cartons une idée de modèle sur ce sujet, mais il faudrait d'abord que je voie ce qui se dit dans la littérature sur les primes de référencement. Encore une manière de poser la question de la spécificité des biens culturels, oui.
Publié le dimanche, décembre 14 2008, par Mathieu P. dans la catégorie : Économie de la culture - Lien permanent
Commentaires
lundi, décembre 15 2008
23:02
Merci beaucoup pour cet article vraiment instructif (du moins pour moi). J'ai quelques remarques à vous soumettre.
— MoggioLe livre de Caves (2000) et le chapitre 20 du Handbook de Ginsburgh et Throsby sont bien sûr abondamment cités. Auriez-vous lu les textes de Labarthe-Piol (sa thèse et un ou deux articles), de Liebowitz (deux-trois articles) et du trio Canoy-van Ours-van der Ploeg (leur chapitre dans le même Handbook et leur entrée dans le New Palgrave Dictionary of Econ. 2nd ed.) parlant aussi (un peu) de la payola ? Je ne sais pas (plus) si ce qu'ils y disent apportent quelque chose de plus à ce que vous avez rédigé dans votre article pour Wikipédia.
La partie historique, notamment avant l'avènement de l'enregistrement sonore, est vraiment intéressante pour ce qu'elle décrit des comportements naturels d'acteurs économiques qui apparaissent dès lors que le coût marginal est inférieur au prix, comme vous l'indiquez dans la section 1 sur le principe (entente et collusion, jeux gagnant-gagnant, barrières à l'entrée, lutte d'influences, regroupements...).
La partie économique 3 est aussi intéresssante mais j'ai eu des difficultés de (bonne) compréhension (mon passage préféré : "L'analyse économique de ce phénomène met en évidence des effets plus ambigus qui interrogent le bien-fondé de son interdiction"). Concernant la section sur la barrière à l'entrée, n'est-ce pas plutôt les ressources limitées des "petites maisons de disques" qui sont une barrière à l'entrée dans le jeu de la payola, relativement aux plus grosses qui ont les moyens de payer (bien) plus ? Je ne m'attendais pas à l'argument que vous développez dans cette section. Je croyais que vous alliez y expliquer que, comme on est en situation d'oligopole à frange concurrentielle dans l'industrie de la musique enregistrée et que les plus petits s'occupent de la R&D à "destination", à terme assez souvent, des majors aux moyens promotionnels supérieurs (Pascal Nègre a déjà dit que la diversité musicale pour lui est assurée grâce aux nombreux labels qu'il "possède"), alors la payola n'est pas si nuisible puisqu'elle ne joue pas nécessairement au détriment du renouvellement musical (je ne sais pas si je suis clair, ou bien je me trompe...). Là, du coup, j'ai eu du mal à bien comprendre ce que vous voulez dire dans cette section.
La seconde section économique (sélection) n'a pas été très aisée non plus pour moi. Dans la première phrase, la "sélection de titres présentée au public" est celle ayant "subi" la payola, à l'inverse de la sélection du DJ qui ne l'a pas subie, c'est ça ? Puis, quel est le lien précis entre les première et deuxième phrases de cette section ? Et, à la troisième phrase, qui sont ce "Tous" ? Enfin, l'argument de cette section, s'il fallait le résumer simplement, est-il de dire que, en présence de la propriété du personne-ne-sait (Caves), les dépenses de payola ont en fait une chance limitée d'être "efficaces" pour l'initiateur intéressé ou "nuisibles" d'un autre point de vue (ou bien est-ce autre chose ?) ?
Mini-remarque de forme, secondaire : une bonne relecture à tête reposée permettrait de corriger certains articles (on dit "le" ou "la" payola ? dans l'article, apparaissent les deux articles) ou manque de mot ou accord(s).
D'avance, merci pour vos éléments de réponse.
mardi, décembre 16 2008
11:15
Merci de vos commentaires. Si je puis me permettre, il s'agit d'un article de Wikipédia : non seulement les commentaires, mais vos propres ajouts sont les bienvenus (hint, hint).
Pour la section 3, il s'agit de partir de l'argument conventionnel : comme les petites maisons ne peuvent pas payer autant que les grosses, la payola les désavantage indûement, et ce désavantage est analysable en termes de barrière à l'entrée (il faut pouvoir payer la somme minimum pour être diffusé). Sur cette base, Caves fait remarquer qu'un système indirect de payola (invitation, avantages en nature, présence médiatique et publicitaire) est encore plus coûteux que des paiements directs, et donc si l'argument initial est vrai, alors l'interdiction de la payola ne fait que reforcer l'inégalité qu'elle prétend corriger.
Il y aurait certainement beaucoup à dire sur l'interaction entre la structure indistrielle et la payola, mais mes sources n'en parlent pas beaucoup (merci pour vos références supplémentaires), et mes propres analyses n'ont pas leur place sur Wikipédia (du moins tant qu'elles non pas éé publiées, ce qui laisse de la marge).
Pour la section suivante, j'ai fait quelques clarifications dans l'article. L'argument essentiel est en effet que la propriété de nobody knows limite d'une part l'efficacité de la pratique (on ne fabrique pas un hit, on donne une chance à un morceau, leçon que les producteurs d'émissions de télé-réalité fondés sur la musique ont appris à leus dépends) et d'autre part ses effets pervers.
Au début le la rédaction, payola était pour moi de genre masculin, mais je me suis rendu compte en cours de route que l'usage du féminin dominait dans les quelques textes en français que je lisais. Je n'ai pas pris le temps de faire toutes les corrections (un avantage de Wikipédia, c'est que d'autres le feront sans doute à ma place).
— Mathieu P.mardi, décembre 16 2008
13:29
Merci ! Vous avez raison : je pourrais en effet intervenir sur l'article en question (;-)). Je ne le ferai pas cependant par manque de compétences sur le sujet, de connaissances informatiques et de temps. À ce sujet, et de nouveau, merci de mobiliser vos compétences économiques et informatiques ainsi que votre temps libre pour publier en ligne tous vos billets, commentaires et autres articles de type Wikipédia en économie culturelle.
— Moggio