Débarquant l'année dernière sur un TD de deuxième année de filière AES (administration économique et sociale), j'ai naïvement demandé quels étaient les débouchés des élèves. Réponse : très variés, principalement en ressources humaines (la spécialité locale), mais il y en a qui font un second cycle de gestion, commerce international, et certains vont vers les écoles de journalisme. Ces derniers débouchés étaient également ceux envisagés par les (quelques) étudiants qui avaient tant soit peu réfléchi à leur projet professionnel. Connaissant la difficulté à entrer dans les écoles de journalisme, le caractères très sélectif des formations de gestion ou de commerce international, et au vu du niveau moyen des élèves, je me suis demandé où allaient tous les autres, soit 90% de l'effectif (à la louche, hein). J'ai donc décidé cet année d'aller voir au SODIP.

Premier constat, les débouchés sont effectivement larges, avec une offre importante de Masters professionnels. Cela signifie cependant que les étudiants doivent être prêts à suivre un cursus long. Surtout, il leur faut faire dès la licence des choix stratégique en fonction des débouchés recherchés. Une telle attitude est loin d'être la règle, j'ai plutôt l'impression que la plupart se laissent porter.

Deuxième constat : il existe des débouchés à bac+3 pour les licences pro, mais il faut alors avoir fait des stages dès le L1, et surtout au niveau L2, même si ces stages ne sont pas obligatoires dans le cursus, puisqu'un minimum d'expérience est toujours requis. La plupart des offres d'emploi concernent cependant les bac+4/bac+5, les annoncent ne faisant pas toujours la différence entre ces deux niveaux (il faudrait donc savoir dans quelle mesure l'année de M2 est rentable, et la disparition des maîtrises un fait intégré par les services de recrutement).

Troisième constat : les débouchés glamour dont nous parlions au début ne concernent qu'une infime minorité des élèves, et je pense que l'importance numérique de cette minorité est surestimée, tant par les enseignants que par les élèves.

Quatrième constat : les enseignants sont très peu au courant de l'avenir professionnel de leurs élèves. Il est très rare, m'a dit la responsable, qu'elle voie un enseignant, fût-il moniteur comme moi. Je me pose nettement la question des conséquences de cette ignorance sur les contenus des enseignements. N'est-il pas regrettable que des personnes qui vont exerces des fonctions dans les ressources humaines voient l'économie essentiellement sous l'angle de la macro, et n'abordent que tard les problèmes de théorie de l'agence, de salaire d'efficience, etc. ?

Enfin, il est clair que la construction d'un projet d'études et d'un projet professionnel doit se commencer dès le L1, avec une fréquentation régulière des SODIP ou assimilé, en allant aux forums entreprises et en faisant des stages, les universités ayant des services pour cela. Bref, aller à l'université sans se poser de questions, comme on allait au lycée, c'est aller au casse-pipe. C'est une évidence, mais manifestement peu connue des étudiants.