Notes d'un économiste - Réactions - Commentaires2021-05-21T15:18:09+02:00Mathieu Peronaurn:md5:939382452da12601e54815d01228196fDotclearPortrait d'un écart salarial - BrrUurn:md5:f4fc4607572bc2f0eb3f7e57f57e68f02019-10-02T13:40:11+02:002019-10-02T12:40:11+02:00BrrU<p>Je n'ai pas compris le témoignage d'Ines comme vous.<br />
D'abord elle est pleinement consciente de n'avoir pas choisi les filières les plus rémunératrices de sciences po. Donc pas de carence en information sur son orientation. Elle monte dans la galère en cherchant une rame, pas la barre.<br />
Et puis, faire mentir les statistiques... Moui. C'est comme faire une école d'infirmières en aspirant greffer un coeur. Où est l'inégalité, de quelle frustration parle-t-on?</p>
<p>Ce témoignage est surtout l'illustration de l'inconsistance de la jeunesse qui se traduit par un énième discours genré limite prosélyte qui ne dit pas son nom</p>Portrait d'un écart salarial - jmvittoriurn:md5:cd6865f9ad778da1a26b5acb8b7c686a2019-10-01T10:37:38+02:002019-10-01T09:37:38+02:00jmvittori<p>Des éléments d'explication sur les déterminants des choix (rôle méconnu des camarades de classe, des enseignants à travers leurs appréciations sur les bulletins): <a href="https://www.presses.ens.fr/464-cepremap-filles-sciences-une-equation-insoluble.html" title="https://www.presses.ens.fr/464-cepremap-filles-sciences-une-equation-insoluble.html" rel="ugc nofollow">https://www.presses.ens.fr/464-cepr...</a></p>L'éducation nationale et les chercheurs - Mathieu P.urn:md5:c766419fbc64ca4768dd4dd02f1671282014-11-03T21:59:55+01:002014-11-03T21:59:55+01:00Mathieu P.<p>Merci Axelle d'avoir pris le temps de commenter. </p>
<p>Il se trouve que je suis assez au courant des pratiques des concours en LSH : ma femme est MCF en littérature française dans une université de province. C'est de mes discussion avec elle à ce sujet que viennent une large part de mes opinions au sujet du concours. Je n'ai pas développé ce point qui ne me paraissait pas directement dans le sujet du billet, mais vous m'en donnez l'occasion : il me semble que si l'agrégation peut effectivement être utilisée comme critère de sélection, c'est que ce concours a dans sa forme actuelle peu à voir avec les compétences requises pour le secondaire. C'est un travers, à mon sens profond, d'avoir ainsi un concours qui fixe chaque année une large part du programme de recherche, quand les sujets proposés sont à la fois contraints par le format et décidés de manière pour le moins opaque. En d'autres termes l'agrégation fait là aussi, pour moi, partie du problème : c'est un concours qui n'a simplement plus lieu d'être depuis la création du CAPES, et qui n'aurait de sens que s'il servait à recruter des enseignants non-chercheurs dans le supérieur. </p>
<p>Au sujet de l'expérience dans le secondaire, j'ai cru observer deux travers. Le premier est celui d'un certain nombre d'enseignants qui, passés dans le secondaire et en ayant beaucoup souffert, semblent estimer qu'il n'est pas juste que les plus jeunes ne subissent pas le même chemin, et qui habillent cela par un discours sur les vertus formatrices du secondaire. Le second, et c'est celui que je soulignais par le terme de <em>parachute</em>, est que la présence de cette option désincite totalement les directeurs de thèse de se préoccuper des débouchés de leurs thésards, quand bien même ceux-ci seraient totalement inadaptés à l'enseignement secondaire (oui, on peut avoir l'agrégation, y être très bien classé même, sans avoir ni qualité ni appétence pour le secondaire). </p>
<p><span style="font-size: 12px;">Cela crée de plus des incitations perverses à demander pour la thèse des travaux qui ne sont pas réalisables dans le temps normalement imparti, qui est de trois ans. David Monniaux a bien souligné combien le non-respect de cette limite de temps jette le doute dans l'esprit de tout recruteur potentiel (public comme privé) sur la capacité d'une personne a gérer correctement son temps et ses priorités, ce qui enferme encore plus les docteurs de LSH dans un nombre faible de débouchés.</span></p>
<p>Ceci dit, je trouve scandaleux le comportement de certains rectorats, qui refusent le détachement pour les ATER. Mais à mon sens, cela s'inscrit dans un ensemble plus large de pratiques RH indécentes, comme cella par exemple consistant à ne pas libérer le mercredi pour les enseignants souhaitant préparer l'agrégation interne (le mercredi est pour des raisons évidentes le jour où les universités casent leurs cours de préparation à l'agrégation interne). C'est sans doute là ce qui m'a le plus choqué dans la pétition : faire des docteurs une caste à part, réclamant explicitement un traitement de faveur, alors que leur problème s'inscrit à mon sens clairement dans un problème plus vaste de (non) gestion des ressources humaines dans l'Éducation nationale.</p>L'éducation nationale et les chercheurs - Axelleurn:md5:1fbc8136f2cc6c4578819031d8b7d5362014-10-29T12:45:09+01:002014-10-29T12:45:09+01:00Axelle<p>Bonjour,</p>
<p>Je suis d'accord avec certaines de vos remarques, notamment sur le fait que la pétition repose essentiellement sur l'expérience des doctorants en LSHS.</p>
<p>En revanche, je serais plus nuancée sur la question de l'apport de la recherche à l'enseignement secondaire. Sans prétendre que celui-ci applique les mêmes méthodes et vise les mêmes buts que l'enseignement supérieur, je pense que la connaissance de la recherche peut réellement nourrir les cours et l'approche pédagogique, par exemple dans la manière dont on aborde la lecture des textes. Inversement, l'expérience de l'enseignement secondaire est d'une grande utilité dans le supérieur (en particulier pour les cours de niveau licence), car elle permet de mieux s'adapter aux compétences et difficultés des étudiants sortant du lycée. Ce que je dis là vient de mon expérience personnelle en histoire, mais je l'ai aussi entendu dire par beaucoup de mes collègues.</p>
<p>D'autre part, il arrive que les professeurs du secondaire deviennent enseignants en CPGE. Dans ce cadre, une thèse est utile, voire explicitement demandée par l'Education nationale. La familiarité avec le monde de la recherche est, dans ce cadre, essentielle en lettres, en histoire, en géographie, en philosophie, en sociologie, etc...</p>
<p>Enfin, définir les concours d'enseignement comme des "parachutes" pour faire ou finir la thèse me paraît traduire une mauvaise connaissance des pratiques en lettres et sciences humaines et sociales. L'habitude de passer le CAPES et/ou l'agrégation (ce que demandent la plupart des directeurs de thèse) reflète bien sûr la recherche d'une sécurité professionnelle, étant donné le faible nombre de postes de MCF. Je ne pense pas qu'on doive le reprocher aux doctorants.<br />
Cette habitude est également un héritage historique, qui date de l'époque où la plupart des chercheurs avaient effectivement fait leur thèse en enseignant en lycée, et n'obtenaient qu'assez tard un poste dans le supérieur. Plus largement, le recrutement universitaire (c'est différent au CNRS) dans ces disciplines exige le plus souvent que les candidats aient l'agrégation et valorise fortement l'expérience d'enseignement, y compris dans le secondaire. Cela n'a bien sûr rien d'officiel, mais c'est une réalité des recrutements.<br />
La circulation entre secondaire et supérieur est ancienne et fréquente dans les LSHS. Elle est notamment possible parce qu'une thèse dans ces disciplines ne se fait pas de la même manière qu'en sciences dures, soit en équipe et avec une présence quotidienne au labo. Je pense qu'elle repose aussi sur un lien plus étroit (et plus valorisé) entre enseignement et recherche.<br />
A mon sens cette circulation est assez largement positive et il me semble légitime que les doctorants dans le secondaire demandent un peu plus de souplesse de la part de l'Education nationale, qui sait utiliser les compétences des docteurs quand elle en a besoin. Je ne pense pas utile de créer un statut spécial pour les doctorants. Mais on peut sensibiliser les rectorats à la question, et notamment permettre le détachement des personnes qui obtiennent un poste d'ATER, ce qui est parfois refusé dans certaines académies.</p>Trois questions sur le régime des intermittents - Mathieu P.urn:md5:ba94d00b24092f589867d86005f2e9192014-01-24T12:11:30+01:002014-01-24T12:11:30+01:00Mathieu P.<p>@Tykern : </p>
<p>Les intermittents ont tout autant le choix de leur statut que les consultants. Rien n'empêche de monter une entreprise ou un coopérative de prestation de services artistiques et techniques. Mon argument est que le régime des intermittents rend peu vraisemblables de telles structures dans la mesure où il externalise sur l'ensemble des salariés du privés les coûts. C'est un point faible, dans la mesure où une structure de ce type est mieux en mesure de sélectionner ses membres et de disposer d'un pouvoir de marché contre les abus des employeurs. </p>
<p>Sur les honoraires, il s'agit uniquement d'une question d'offre et de demande. Les intermittents sont bien souvent beaucoup plus experts dans leur domaines que ne le sont les consultants. Mais ils sont si nombreux que le prix de marché pour cette expertise est basse. </p>
<p>Sur la théorisation du temps de travail, ce que vous décrivez n'est en rien propre aux artistes. Cela s'applique à tous les salariés qui ont des fonctions impliquant un minimum de créativité. Ce qui ne les empêche pas d'exercer leur profession sur la base d'horaires fixes. Les départements de R&D des grandes entreprises sont peuplées de cadres au forfait. Ce n'est pas pour autant qu'ils cessent de réfléchir à leurs sujets dès qu'ils mettent un pied hors du bureau. </p>
<p>Sur l'assiette, il y a deux options : soit demander aux intermittents de s'auto-financer, soit confirmer qu'il y a une subvention du secteur, et dans ce cas en étendre le financement à l'ensemble des salariés, secteurs public et privé confondus. Parce qu'en l'état, le financement est inéquitable entre privé et public.</p>Trois questions sur le régime des intermittents - tykernurn:md5:b865daa98c510352bbf0cfbc7fb6cf342014-01-24T10:14:36+01:002014-01-24T10:14:36+01:00tykern<p>Trois réactions à trois questions:<br />
- tout d'abord, on avait jusqu'à présent osé comparer le statut de l'intermittence à celui des intérimaires..mais jamais encore à celui des consultants... concernant les intérimaires, dans la majorité des cas, la précarité est conjoncturelle et l'emploi exercé peut espérer l'être un jour de manière indéterminée... ce n'est pas le cas des professions relevant de l'intermittence du spectacle: leur professions est structurellement précaires et chaque activité débute avc "la création d'une oeuvre" et s'arrête avec la fin de la la création et/ou représentation de cette oeuvre.<br />
Quant aux consultants? je ne vois pas bien la comparaison... ils sont effectivement "consultés" à la mission qui a un début et une fin...mais ont le choix de leur statut: indépendant, en cabinet salariés ou en libérale.. ce qui n'est pas le cas des professions relevant de l'intermittence... ensuite les honoraires: il est certains que les honoraires pratiqués par des consultants en entreprises privés... consultants souvent affublés du statut "d'expert"... peuvent sans doute permettre de s'exonérer d'un statut salarié...ce qui n'est pas le cas dans les professions relavants du staut d'intermittent tant dans la musique, le spectacle vivant que l'audiovisuel...</p>
<p>Je passerais sur le deuxième point... ou effectivement l'analyse est relativement pertinente si l'on admet appliquer la "perception dominante" dans les metiers artistiques... il est vrai que dans les sciences économiques, il faut tout "modéliser" aujourd'hui... et le travail en est un parfait exemple..qu'il se contorsionne dans tous les sens pour entrer dans des cases et se théoriser...oui mais voilà.... les métiers artistiques ont jusqu'à présent "échapper" à cette standardisation, cette théorisation du temps de travail etc....car cela pose un problème de fond... comment quantifier en terme de temps le travail de création? car si le comédien répète sur une scène et que cela est sans doute plus facilement quantifiable, le metteur en scène, le réalisateur, le créateur d'une œuvre lui réfléchit, modélise, cree en marchant, en lisant, en ne faisant rien, sur le coin d'un bureau ou dans la forêt ou bien....il y a des choses qui ne sont pas facile à percevoir, modéliser et théoriser....et ce temps de la création est ce qu'il faut pourtant préserver si on ne veut pas transformer le champ culturel en un immense chantiers à vocation uniquement marketing et rentable...</p>
<p>Quant au 3ème point, il s'agit d'un vieux serpent de mer brandit par ceux qui n'ont pas pris le temps de s'informer et alimente les amalgames: si la solidarité inter-professionnelle a encore un sens... elle s'exerce ici ausii d'une part et d'autre part, il est communément admis que la masse salariale globale des secteurs relevant de la culture couvre largement les coûts de ce statut.... et je ne pense pas que lorsque les entreprises agro alimentaires licencient par dizaine de milliers on se préoccupe de savoir si le secteur à suffisamment cotisé pour indemniser sur la durée, la cohorte de chômeurs longue durée, les dépressions, les maladies, les stress etc... que ce genre de mesure provoque... heureusement également que nous n'en sommes pas à nous demander si les "cotisations sociales" des seuls victimes de cancer couvrent les dépenses de ceux qui en ont...</p>Trois questions sur le régime des intermittents - Euulurn:md5:669be39df175f344b9d2c941db20cacb2014-01-23T11:05:39+01:002014-01-23T11:05:39+01:00Euul<p>le chiffre d'un milliard de cout a été démenti à plusieurs reprises, par la ministre de la culture, par le directeur de pole emploi, et Michel Sapin...</p>Trois questions sur le régime des intermittents - Moggiourn:md5:0b320a158f5a12b99031511acf1987242014-01-22T20:31:33+01:002014-01-22T20:31:33+01:00Moggio<p>Merci. Vous dites qu'en "l’état, le régime de l’intermittence est financé exclusivement par les salariés du privé." Je n'en suis pas sûr, si vous entendez par "salariés du privé" ceux qui relèvent du régime général (voire, en plus, les intérimaires). En fait, les "intermittents du spectacle" cotisent aussi et les chiffres (comme ceux de la Cour des comptes) disent plutôt que leurs propres cotisations ne financent, selon les années, qu'entre 15 à 30 % des allocations chômage qu'ils touchent, le reste relevant de la solidarité interprofessionnelle. Mais je me trompe peut-être...</p>This Time is Different vs Excel - MacroPEDurn:md5:2cc75372fc27f39d3fdb3ee1c0139abf2013-04-23T13:08:00+02:002013-04-23T12:08:00+02:00MacroPED<p>D'accord avec najep et la lecture de Mathieu P.</p>
<p>Du reste, ce qui m'intéresse c'est notamment la sensibilité de la presse qui se sert des choses hautement sérieuses pour trouver des arguments pour descendre la discipline économique. C'est dommage! On peut se souvenir rapidement de l'épisode papier de Blanchard.</p>This Time is Different vs Excel - Mathieu P.urn:md5:caec6da6c0469bc322dc05a0753520112013-04-18T16:59:22+02:002013-04-18T15:59:22+02:00Mathieu P.<p>Il y a effectivement une confusion entre l'article dont vous donnez le lien et l'ouvrage. À la lecture des réactions, j'ai toutefois souvent vu l'assertion que cette erreur remettait en cause l'ouvrage autant que l'article. Merci d'avoir clarifié ce point. </p>
<p>Il est certain que l'article est faible. Le problème vient de ce que les auteurs eux-mêmes ont utilisé ce résultat comme un repère solide lors de consultations avec des journalistes ou des hommes politiques. Ce qui explique en partie la vigueur de la réaction.</p>This Time is Different vs Excel - najepurn:md5:3a18c6a2427e1b3c676eb92058616ca22013-04-17T19:40:19+02:002013-04-17T18:40:19+02:00najep<p>Je peux me tromper mais, en tout cas dans la version, la question de l'impact de la dette publique sur la croissance n'est pas traitée dans "This Time is Different".</p>
<p>Manifestement c'est cet article <a href="http://www.nber.org/papers/w15639.pdf?new_window=1" title="http://www.nber.org/papers/w15639.pdf?new_window=1" rel="ugc nofollow">http://www.nber.org/papers/w15639.p...</a> qui est remis en cause. Or, je ne retrouve pas les tableuaux de cet article dans le livre qui a été publié avant le NBER Working Paper. Le livre ne me semble pas devoir être remis en cause.</p>
<p>Par ailleurs, quand on lit l'article, ses faiblesses sont évidentes qu'il y ait erreur excel ou pas. L'étude consiste en un simple calcul de moyenne. Il établit seulement une corrélation plutôt qu'une causalité de la dette publique vers la croissance alors même que la causalité inverse est mécanique. D'ailleurs, la conclusion de l'article lui même ne mentionne pas de causalité identifiée mais une simple corrélation.</p>
<p>Quant à justifier des politiques d'austérité avec ça, ça parait encore plus difficile. La corrélation pourrait simplement être due au fait que les états mettent souvent en place des politiques d'austérité quand la dette atteint 90%, déprimant ainsi l'activité. Si c'est le cas, la corrélation disparaîtrait simplement si les états ne menaient pas de politiques d'austérité.</p>This Time is Different vs Excel - jmdespurn:md5:81afe74f2f6d5e5ba08bbfd37cb020bb2013-04-17T16:47:17+02:002013-04-17T15:47:17+02:00jmdesp<p>Et l'outil qu'on utilise à la place, c'est quoi ?<br />
J'ai tendance à dédier une feuille aux données sources pour limiter ce genre de problème, mais ça ne répond pas aux problèmes de formules. De toute façon, un outil en ligne de commande ou en interrogation de base de donnée a potentiellement tout autant de problème.</p>
<p>La réponse pour moi est plutôt dans la réplication systématique, c'est le même phénomène qui explique d'ailleurs une partie des résultats de Ioannidis en médecine, la vérification indépendante des résultats publiés n'est pas suffisamment fréquente, et c'est cela surtout qui entache la confiance qu'on peut leur donner.</p>
<p>Alors même que les ressources pour dupliquer, revérifier la plupart des résultats d'économies sont infiniment là car c'est pour de nombreuses études beaucoup moins couteux qu'en médecine.</p>Séparer banques d'affaires et banques de détail : un vieux débat - Malou13100urn:md5:36471128a0346e2787294a6ec5d032502013-03-08T13:28:31+01:002013-03-08T13:41:14+01:00Malou13100<p>Il y a une sérieuse faute d'orthographe à corriger pour donner plus de crédibilité à votre article.<br />
Les banqu (ent)...</p>
<p><strong>Arrgh, et dire que cette faute a traîné des mois. Merci, c'est corrigé.</strong></p>Femmes et jeux vidéo : chercher dans la frange - J-Eurn:md5:04298d345dcfe849122a4d159ffb4aac2012-11-18T12:22:47+01:002012-11-18T12:22:47+01:00J-E<p>Hello à vous deux</p>
<p>Je ne résiste pas à la tentation d'apporter ma pierre à cet intéressant débat. Il me semble que, plus que par des questions de méthodes, vous êtes surtout séparés par les exemples que vous avez en tête et les questions auxquelles vous voulez répondre.</p>
<p>Il me semble que Denis se demande pourquoi un produit donné, par exemple un gros best-seller vidéoludique, n'est pas davantage marketé et packagé à destination du public féminin. Mathieu au contraire se demande pourquoi il n'y a pas davantage de jeux produits par de gros éditeurs à destination de ce même public, et explique qu'ils seront typiquement produits par des producteurs de niche.</p>
<p>Pour la deuxième question je suis parfaitement d'accord avec Mathieu : il y a suffisamment de concurrence entre producteurs de jeux, notamment dans les jeux à petit budget, pour qu'une demande de jeux moins à destination de la catégorie visée par la pub de Sony trouve son offre, et bien des jeux existent pour le prouver.</p>
<p>En revanche ça ne répond pas tout à fait à la question de Denis, qui est plutôt pourquoi les éditeurs choisissent-ils de genrer autant leurs gros jeux et leur marketing. Notons d'abord que plus il y a de possibilités de développer une offre plus ciblée sur un genre ou une catégorie particulière, moins il est efficace probablement de rendre un blockbuster plus attractif pour les catégories en question.</p>
<p>Je trouve néanmoins l'argument du "il n'y a pas de billet de 100 dollars par terre" développé par Mathieu moins pertinent dans ce cas (qui n'est pas celui qu'il a en tête à mon avis). Lorsqu'un éditeur sort un nouveau CoD ou autre gros (poids) lourd du même genre, il pourrait tout à fait prendre en compte qu'en utilisant un marketing moins stupide que d'habitude il attirerait sans doute plus de joueuses. Mais il y a un trade-off : en ciblant moins le public type de ce jeu, je perds potentiellement certains joueurs mais gagne peut-être certaines joueuses. Etant donné le coût de ce type de jeu l'échec n'est pas une option, le moins risqué est donc de s'en tenir au public habituel. Autrement dit on ne peut pas attendre de l'éditeur de ce type de jeu qu'il cherche à expérimenter pour mieux connaître la demande, cela sera fait beaucoup plus facilement via des petits jeux (qui pourraient donner par la suite des jeux de plus en plus gros si la demande est au rendez-vous). Il est donc tout à fait possible qu'un FPS se vendrait bien auprès des filles avec un packaging un peu différent et que l'éditeur y gagnerait, mais que celui-ci ne tienne pas à prendre le risque (ie. ses anticipations sont rationnelles en moyenne mais pas parfaites). La raison pour laquelle je crois assez à ce type d'explication est que pour d'autres types de jeux des choix différents ont été faits. Par exemple World of Warcraft se situe dans un monde fantasy a priori plutôt masculin, pourtant l'éditeur a jugé peu risqué d'offrir un contenu relativement girl-friendly, sans compter qu'il fait probablement face à une grosse pression pour attirer de nouveaux joueurs.</p>
<p>Il ne me semble pas très difficile non plus pour un économiste d'admettre que les préférences des individus puissent être affectées par l'offre de produits culturels, pour traduire en langage d'économiste ce que suggère Denis. Peut-être qu'effectivement si les producteurs de block-busters réfléchissaient davantage à leur public féminin, il y aurait une certaine convergence entre les préférences des joueurs et des joueuses en matière de jeux vidéo, ce qui rendrait rentable de produire des jeux "mixtes". L'offre créerait sa demande, comme dit Denis, ça ne me semble pas franchement hétérodoxe à vrai dire (des petites externalités dans la consommation rationaliseraient facilement le phénomène). En revanche il me semble qu'on peut raisonnablement supposer que chaque éditeur en particulier est "norm-taker" : lorsque je produis un jeu je ne peux pas m'attendre à changer l'attitude d'une catégorie de la population vis à vis d'un type de jeux. Autrement dit, peut-être que si tous les producteurs de jeux adoptaient un packaging plus mixte les comportements de consommation se modifieraient d'une manière telle que ce packaging serait rentable, mais que tant que ce n'est pas le cas chaque éditeur a intérêt à maintenir une stratégie de segmentation. Je pense que certains très gros comme Nintendo peuvent se permettre le luxe de créer une nouvelle catégorie de joueurs, et qu'ils l'ont fait avec la Wii. Mais le gros de la production vidéoludique me semble davantage suivre la demande et donc refléter les attentes des joueurs et des joueuses (bien sûr tout en les influant et en les renforçant) que les créer volontairement.</p>Femmes et jeux vidéo : chercher dans la frange - Une heure de peineurn:md5:b84a5fd046f555dad07ef35602baae622012-11-13T09:34:50+01:002012-11-13T09:34:50+01:00Une heure de peine<p>PS : tu aurais quand même pu intitulé ton billet "cherchez la femme" ou "looking for the girl" pour faire de subtiles références soit à Dumas soit à Gaiman.</p>Femmes et jeux vidéo : chercher dans la frange - Une heure de peineurn:md5:76e14975081c8fd47aa8fe79a6d51b942012-11-13T09:31:11+01:002012-11-13T09:31:11+01:00Une heure de peine<p>Je crois, honnêtement, que nos problèmes viennent de ce que tu n'as pas bien compris la question que je me pose, et donc les raisons qui me poussent à ne pas me satisfaire de l'explication par l'oligopole à frange et la demande solvable - dont je reconnais cependant la portée heuristique pour des questions qui sont différentes des miennes (mais je pense que j'y reviendrais dans un billet ad hoc).</p>
<p>Ma question n'est pas de savoir pourquoi les grands éditeurs n'innovent pas, mais de savoir pourquoi les femmes sont exclues du public potentiel - et je dis bien "exclues", c'est-à-dire qu'il existe un ensemble de choix qui conduisent à les freiner dans leur demande et pas seulement à ne pas servir cette demande. Je m'interroge aussi sur ce qui fait que la structure genrée du marché se reproduit et ce même dans la frange concurrentielle qui semble avoir du mal à penser ce public autrement que comme une catégorie particulière, ce qui conduit à en faire un marché de niche. J'étais parti pour cela, à l'origine, de l'introduction par Lego d'une gamme girly : on a là quelque chose qui ne se passe pas à la frange, mais qui vient renforcer la structure genrée du marché. C'est certes parce qu'il existe une demande pour ce type de biens, mais ce qui me semble intéressante c'est que cette demande produit une offre qui produit une demande qui produit une offre... Bref, que l'on est sur quelque chose qui ressemble à un équilibre au sens le plus économique du terme. Et c'est ça qui m'intéresse.</p>
<p>De ce point de vue, l'explication par l'absence de demande solvable que ce soit à la frange ou au coeur de l'oligopole ne me paraît pas permettre de comprendre les raisons de cette exclusion autrement qu'en disant que les joueurs mâles et macho sont prêts à payer pour et à faire des efforts pour la maintenir. Ce qui était finalement le thème de mon premier billet. En soulignant que, du coup, ces pratiques incitaient les éditeurs à ne pas chercher à servir une autre demande.</p>
<p>A partir de là, s'ajoute mon deuxième point, que l'on peut résumer basiquement par le fait que le marché est socialisateur, et que c'est cela qui conduit à la force de la structure genrée. Il me semble que c'est un point que tu laisses un peu vite de côté pour, dans ton premier billet, placer entièrement la constitution des dispositions genrées en dehors du marché.</p>
<p>Le deuxième billet, que j'ai publié hier, va dans ce sens en approfondissant en quoi peut se faire cette socialisation, et en passant par une sociologie du packaging : il ne s'agit pas à chercher un contenu moins genrée dans les productions les plus importantes puisque, comme tu le souligne dans le billet précédent, les femmes ne vont pas forcément être amené à consommer ces productions, mais à comprendre précisément pourquoi les femmes ne sont pas amenées à consommer ces productions. Et pour cela, le découpage du marché par le packaging qui en vient à exclure les femmes ou à leur réserver certains biens particuliers, comme le fait remarquer Proteos à propos des Sims, est un point important. Surtout qu'il révèle une façon particulière de percevoir la demande qui n'a aucune raison d'être la plus efficiente possible. Cette discussion était partie de la métaphore du billet de banque : tu disais que si un billet de banque était par terre, quelqu'un l'aurait ramassé, donc que si une demande solvable existait, quelqu'un la servirait. Je te demande de considérer le cas où les acteurs sont persuadées que l'on ne peut trouver des billets que dans les arbres et ne pensent donc pas à regarder au sol. J'ai d'autres problèmes avec cette métaphore (en gros, les acteurs peuvent susciter l'existence du billet de banque...), mais ce sera pour une autre fois.</p>
<p>Pour le reste, je trouve dommage que tu supposes que j'ai une mauvaise connaissance de l'économie de la culture seulement parce que je ne la trouve pas entièrement convaincante. Tu as déjà raconté comment tu avais fait le cheminement depuis l'éco "hétérodoxe" façon alter-éco (je mets "hétérodoxe" avec des guillemets parce que j'ai du respect pour les vrais hétérodoxes, si rares) jusqu'à l'économie orthodoxe. J'ai pour ma part fait un cheminement différent, de l'économie orthodoxe à la sociologie économique.</p>Femmes et jeux vidéo : chercher dans la frange - Proteosurn:md5:93c51cc2140803dc2bd394e6581df8a32012-11-12T23:06:44+01:002012-11-12T23:06:44+01:00Proteos<p>Je suis d'accord avec vous. Et les éditeurs mainstream ont aussi visé les femmes: les Sims étaient sans doute destinés à ce public.<br />
En prime, je remarque qu'il n'y a pas que du marketing macho pour les jeux vidéo, même pour des jeux dont je pense qu'ils sont joués à une écrasante majorité par des hommes. Je pense aux wargames et aux jeux 4X par exemple.</p>
<p>Le billet de Denis me paraît aussi receler une erreur fatale: partir d'une pub macho pour décrire les stratégies commerciales d'un secteur qui s'est beaucoup diversifié. C'est un peu comme si on partait de la couverture de Penthouse pour tirer des conclusions sur l'ensemble de la presse magazine.</p>[ping] Un exemple d'obsolescence programmée - flinkurn:md5:4f79f0e4cc04edaf3dad534dac3265582012-10-29T12:09:17+01:002012-10-29T12:09:17+01:00flink<p><a href="http://www.belfalas.org/notice/703713">flink's status on Monday, 29-Oct-12 11:06:52 UTC</a></p> <!-- TB -->
<p>RT @adelaigue Liste de lecture #obsolescenceprogrammee (4) : un exemple d'obsolescence programmée http://t.co/7CwSXF3F...</p>Le coût des études et les étudiants qui travaillent - Michaël Malterurn:md5:b3baf8ca995fa127c77e1f5e14a7ebe62012-08-30T12:35:27+02:002012-08-30T11:35:27+02:00Michaël Malter<p>J'ai vécu cela. Mon expérience ne reflète évidemment que mon petit cas personnel.</p>
<p>J'ai commencé par une prépa et il m'a fallu emprunter pour payer la première année. J'avais dans l'idée qu'il serait plus aisé de rembourser plus tard, la prépa étant décrite à priori comme un enfer qui ne laisse pas une minute de répit.</p>
<p>Je me suis bien vite rendu compte qu'il n'était pas envisageable d'accéder aux formations les plus prestigieuses en exerçant une activité salariée. Je me suis donc tourné vers l'université. Ce fût extrêmement difficile et la combinaison des deux activités vaut largement n'importe quelle prépa en terme de charge de travail. J'étais épuisé. Il est toujours possible de réviser ses cours et de faire des exercices. Par contre, rien n'est plus difficile dans ces conditions de faire preuve d'imagination, de créativité, d'intelligence. Je n'ai retrouvé cela que bien plus tard. À ces niveaux de qualification et vu le vide intersidéral des CV étudiants, le travail n'est alors qu'une tâche souvent répétitive, toujours abrutissante.</p>
<p>Je reste heureux de mes années passées à l'université. Il eût été impossible pour moi de poursuivre des études supérieurs si le nombre d'heures avait été plus élevé. Est-ce un mal? En assouplissant les contraintes budgétaires des étudiants, ils travailleront naturellement moins. J'ai évidemment rencontré sur mon parcours des étudiants salariés qui n'avaient pas réellement le besoin de travailler. Ils sont adultes et responsables : libre à eux de se saborder.</p>
<p>Dans les esprits, l'étudiant à l'université reste un glandeur invétéré. C'est très triste.</p>Le coût des études et les étudiants qui travaillent - Mathieu P.urn:md5:291ef4343724408c63a060ed36b9a25d2012-08-28T11:59:24+02:002012-08-28T10:59:24+02:00Mathieu P.<p>Oui, il y a eu beaucoup de discussions sur le sujet. L'exemple d'Einstein est la tarte à la crème du débat : il reflète un fonctionnement de la science qui ne correspond plus à son fonctionnement actuel, et est à mon avis sans pertinence. La question est en fait très différente selon les disciplines. Dans les domaines scientifiques et théoriques, l'existence de communautés et de ressources en ligne pallie l'isolement. En lettres, la plupart chercheurs ayant une production sérieuse se retrouvent à la Bibliothèque nationale de France, seul fonds suffisant pour leurs besoins (ce qui casse de fait la géographie des équipes, et recentre l'activité de recherche sur Paris où habitent souvent ceux qui le peuvent).</p>
<p>Sur l'étude citée en lien, je suis mal à l'aise avec le biais d'endogénéité. En effet, l'affectation des enseignants-chercheurs n'est pas sans frictions. Typiquement, les jeunes chercheurs se retrouvent souvent ailleurs que dans l'établissement maximisant leur productivité scientifique. Ils ont alors une incitation forte à produire beaucoup pour obtenir une mutation ou passer leur HdR pour pouvoir bouger. En supposant que la plupart voudraient retourner sur Paris (tant pour les raisons ci-dessus que pour des raison de compatibilité avec le travail de leurs conjoints), la productivité hors Paris serait tirée par des gens qui veulent quitter la région où les a envoyés leur première affectation. Il me semble donc indispensable, dans ce genre d'évaluation, de prendre en compte les dynamiques de carrière et non seulement une image statique. </p>
<p>Toutefois, mon point portait plus sur l'enseignement que sur la recherche. Une petite université ne peut pas offrir la palette de formations que peut proposer une université plus grande : pas assez d'étudiants pour offrir des formations plus innovantes, expérimentales ou simplement diversifiées. Cela se fait au détriment des étudiants coincés dans des formations qui ne leurs conviennent pas vraiment. Après, il serait possible d'imaginer des petites universités concentrées sur une formation où une filière particulière, où elles excelleraient. Mais cela suppose résolu le problème initial, celui du coût de la mobilité des étudiants.</p>